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Divagation
17 mars 2011

Divagation

Poisson_surr_aliste

 

Pour certains, l’individu lambda, citoyen fonctionnel, travailleur, discipliné, ne contestant pas l’ordre des choses et l’autorité, à l’aise dans le fonctionnement de la société, relativement épanoui, légèrement heureux, plus ou moins satisfait de son sort, ne connaissant que très peu de chose en dehors de sa vie concrète, bref, l’individu modèle, normal et sans grand problème, n’a pas besoin d’énormément de talent et de très grandes qualités pour pouvoir s’insérer et s’adapter à la société. Il reproduit ce qui lui a été enseigné par la bonne éducation, l’instruction et la culture. Pour réussir cette prouesse d’adaptation, il lui faut l’intelligence; juste assez, mais pas trop. Un savant dosage. Il ne faut pas qu’il se remette trop souvent en question. S’il le fait et quitte son ancienne existence pour repartir différemment, comme le fait le personnage principal du Pressentiment, sa famille et ses proches vont s’inquiéter et remettre en cause sa santé mentale. Entendu que eux sont normaux et que ce qui s’en écarte trop est pathologique. Ce qui caractérise l’homme normal est le fait que ce qu’il ne conçoit pas, n’a, à tout de fin pratique, pas d’existence et souvent pas de valeurs : la vie des marginaux. Avec ces marginaux, on est toujours surpris quand on entre dans le monde des écorchés vifs, de ceux que l’on nomme les personnages originaux. Mais il faut faire attention et ne pas tomber dans le pire des pièges. Oui, la marginalité ne se caractérise pas vraiment par une adaptation sociale, mais il ne faut pas dire comme dirait certains psychiatres obtus : «Les marginaux sont comme les sangsus, il profite et s’aglutine en périphérie des citoyens fonctionnels-travailleurs-créateurs de richesses.» C’est certainement pas la bonne réponse à donner à un patient qui s’interroge sur sa fonction. Désolé docteur, mais vous errez royalement. Ce que l’on ne conçoit pas, comment pourrait-on le comprendre. Toujours selon ces bons docteurs, les gens ordinaires et parfaitement adaptés seraient dans les barèmes de l’intelligence moyenne. Comment fait-on pour le savoir? Aucune idée. Mais disons que cela a du sens, jusqu’à présent; la suite pourra peut-être nous renseigner.

Concernant la petite différence entre les hommes et les femmes, nous avons eu une réponse après plusieurs années de recherches transdisciplinaires. Elle vaut ce qu’elle vaut.  Il semblerait que l’intelligence féminine serait plus concentrée autour de la moyenne. Ce qui veut dire moins de tarées, de sociopathes, de psychopathes, de violentes, etc. Mais il y a quand même quelques femmes qui possèdent des traits psychopathiques. Seulement, elles vont s’attaquer à leur voisine, les pousser et détruire leur boîte aux lettres, et d’autres petites choses du genre. Mais elles ne découperont pas leurs victimes. Beaucoup moins folles que les hommes, quoique pour un thérapeute il y a quand même une grande surprise à constater que la petite crise d’hystérie (utérus) est assez fréquente. À l’opposé, ce qui se paye en retour pour cette plus grande normalité de la femme, si on reprend l’idée de l’individu lambda, de meilleures capacités d’adaptation pour vivre en société et être productif, il ne semble pas que l’on retrouve fréquemment d’intelligence hors du commun chez la femme (qui est peut-être relié à la testostérone), qui parfois peut être à la frontière du délire ou d’une maladie mentale; parce que, comme on dit, on peut devenir fou si le cerveau s’emballe trop souvent et trop longtemps; ce qui doit causer une forme de surcharge.

Si on prend le cas d’Antonin Artaud, il faut dire que si on lit toute son œuvre publiée, on se rend compte qu’il possédait à la fois la lucidité, une grande capacité d’analyse, mais d’une façon qui lui était tout à fait personnelle, un pouvoir de création, c’est-à-dire une originalité certaine, mais aussi de la dysfonction sociale, parce que rien de notre monde à nous, les normopathes, ne faisait sens pour lui. Si on prend le cas de Pascal, une vie sociale brillante au début, mais par la suite une grande incapacité à vivre, parce qu’il souffrait d’éternelle insatisfaction; ayant tout réussi ce qu’il a entrepris, ayant fait le tour du jardin, il ne semble plus être capable de donner un sens à sa vie, autre que métaphysique. Le christianisme-jansénisme semble lui avoir joué un vilain tour : vouloir réconcilier l’irréconciliable. Dans un premier temps, il aurait peut-être trop mis d’espoir en la raison, pour finir par se retourner contre elle, nier son passé, son existence, et se retrouver dans la pire des impasses. Tout ce cheminement des plus exemplaires se termine par une incapacité à vivre, qui diffère de l’homme ordinaire, qui, lui, à de multiples raisons de se lever le matin. Pour Pascal, quelles raisons de vivre pouvait-il avoir, puisqu’il avait réalisé tout ce dont il était capable, et de manière talentueuse et magistrale.

Pour tenter de mieux comprendre Pascal, il faut parler d’Orson Welles. Allons droit au but et laissons tomber les détails qui m’échappe. 25 ans, premier film. Dangereusement en liste pour être le plus grand film de l’histoire du cinéma. Bien sûr, il y a eu Chaplin. Et surtout son plus proche concurrent : le cinéaste Russe. Personnellement, je préfère le Cuirassé. Mais ce qui se produit avec Kane, c’est que le cinéma se retrouve dans une impasse. Les trouvailles de ce film vont être exploitées pour une dizaine d’années. Par la suite Welles fait les Ambersons, La dame de Shanghai, Le Procès et la pièce du dramaturge Anglais. D’excellents films, mais comme le premier de grands échecs commerciaux. Pas de public pour ce genre de cinéma. Probablement d’autres projets, mais les choses se gâtent pour le réalisateur. Il se retrouvera à jouer un rôle farfelu de narrateur dans la farce de Nostradamus. Je ne connais pas les détails, mais on parle parfois de véritable déchéance. Pour certains, Welles était un personnage, un créateur, hors mesure. Quelque chose de parfaitement géniale, mais qui ne pouvait pas s’adapter. Pour certaines personnes la vie est trop grande pour elles. Pour Welles, la vie semblait trop petite pour lui, pour sa démesure.

On voit ainsi que l’exemple de Welles et Pascal s’éclaire l’un, l’autre. Mais peut-on en tirer une conclusion? Je crois que oui. Il semblerait que nous sommes voués à jouer plusieurs rôles dans l’immanence, mais d’un personnage toujours le même et secondaire : amant, mari, père, travailleur et citoyen, et l’équivalent féminin. Il vaut mieux les jouer toutes pour s’ancrer dans la réalité et le concret. S’il manque un rôle, il se peut que notre existence ait moins de sens. Par exemple, ne pas jouer le rôle de travailleur trop longtemps peut emporter tout le reste de l’existence. Pour ce qui en est des créateurs qui se situent dans la transcendance, dans la création, ils désirent jouer le personnage principal. Et à trop jouer le rôle de créateur, ils peuvent se retrouver sans rôle concret de père ou de travailleur, et ce n’est pas donné à tous de pouvoir supporter cette situation. Pascal, Welles et les autres, trop occupés par la transcendance, ne voit aucun intérêt à assumer les rôles pour lequel l’homme normal est fait. On ne peut pas dire qu’ils ont échoué leur vie, mais ils ont connu de très grandes difficultés que bien des gens moins doués ne rencontrent jamais ou presque. Ce qui nous amène à la question des caractéristiques de la surdouance.

Que peut-on dire des êtres que l’on dit surdoués?

Pour les chercheurs en question, d’après leur étude qui semble assez fouillée, il y aurait 3 caractéristiques et une résultante. Je n’ai pas lu l’ouvrage, mais je vais extrapoler et utiliser les observations que j’ai fait. Je connais assez bien 3 prototypes qui répondent à la définition de surdoué. Quelqu’un qui a fait un commentaire sur le texte Les vrais choses, prétend que sur les 200 textes écrits et disponibles, il n’y a jamais rien eu qui se rapproche de la science ou d’une démarche scientifique. Ce qui est un peu insultant. Je dois le répéter en science sociale on peut utiliser plusieurs méthodes et outils : le questionnaire, l’entrevue enregistrée, les témoignages, la collecte des données statistiques, l’expérience en clinique ou même la socioanalyse (analyser son cheminement et son expérience vécue), etc. Je ne peux pas toujours citer et préciser. Et quand c’est le cas, je me permets d’inventer et de spéculer. Il n’en demeure pas moins qu’il y a du matériel vérifiable et sérieux un peu éparpillé dans ces textes. À vous de juger : vous en prenez et vous en laissez. Mais si vous pensez que mes propos sont de l’ordre de l’opinion subjective, alors on est bien mal parti.

La première caractéristique de la surdouance, et de loin la plus fondamentale, est la curiosité. Ce qui peut être un peu décevant. On s’attend à quelque chose d’exceptionnelle, mais il faut bien saisir de quoi il en retourne. Certaines personnes, lorsqu’ils se décrivent vont dire qu’ils aiment apprendre des choses et qu’ils sont très curieux. Mais cela se résume à quelques épisodes rapides durant la semaine et la journée. Ce dont l’on parle ici est sans commune mesure. Pour le surdoué, le cerveau doit constamment être stimulé. Sinon, il se sent pas tout à fait dans son élément. Il manque quelque chose. Et même si durant la journée il a appris beaucoup, le lendemain, tout est à recommencer, comme si il était condamné à vivre de stimulations multiples et répétées. S’il n’a pas sa dose, l’ennui peut s’installer. Ce qui devient pénible. Mais la curiosité ne doit pas être aléatoire, elle doit être productive et constructive. Elle doit ouvrir l’univers des connaissances. Pour y parvenir, il ne faut pas qu’elle soit stérile, inutile et avorte. Donnons un exemple. Je ne serai pas très doux. Disons que vous aimez une supposée artiste qui se nomme Madona. Vous achetez tout ses albums. Dans 10 ans, ce qui a été composé et interprété pour plaire maintenant dans l’instantanéité n’aura presque plus de valeur, excepté 2 ou 3 morceaux. Beaucoup d’albums, très peu de choses à retenir. Maintenant, prenons John Coltrane. Après le même intervalle de temps, vous réécoutez ses albums et vous vous retrouvez avec une centaine de pièces (la période Prestige) qui conservent de leur efficacité.  On est pas dans la même ordre de choses. Soit que l’on s’en rend compte instantanément de la valeur d’une telle musique, soit qu’il faille un apprentissage du jazz et l’écoute de plusieurs de ces musiciens. Ce détour nous permet de comprendre quelque chose. La connaissance de Coltrane nous ouvre les portes du jazz. Par la suite, nous avons un goût plus raffiné et nous sommes un auditeur averti. Pour Madona et la Pop, cela ne débouche sur rien. À moins qu’il y a quelque chose qui m’échappe. Chose certaine, avoir 50 ans, se tenir en petite tenue sur une chaise, sur la scène, et faire des mouvements qui consistent à s’ouvrir les jambes et à les fermer, c’est pour le moins un peu ridicule et vulgaire. Pour certains, il y aurait une petite gène de faire cela et ce serait un peu humiliant. La musique n’a jamais avancé avec ce genre de chose. Passons.

Il faut donc, pour revenir à la première caractéristique, que ce qui est appris amène logiquement la suite, qui passe du simple au plus complexe. Évidemment, il faut une bonne mémoire. Mais ce n’est pas tout. Il faut qu’elle soit discriminante et sélective. Certaines personnes peuvent se souvenir de ce qu’ils ont fait à tel date, où ils étaient, et une foule de détails. D’autres, se souviennent par cœur de leurs tout premiers poèmes, ce qui est pratique lorsque l’on fait une nuit de la poésie, d’autres, telle année, telle équipe, telle coupe Stanley, etc. Ce qui peut être très impressionnant face à quelqu’un qui n’a aucun espèce de souvenir du genre, mais est-ce que cette mémorisation va servir dans une autre forme d’apprentissage? Je crois que non. Ce qui fait que la curiosité et la mémoire doivent être orientées. Il ne faut pas aller dans tous les sens et n’importe comment : vaux mieux une tête bien faite que pleine.

Que dire d’autre. Il faut évidemment un environnement stimulant pour que les liens du cerveau se développent en bas âge et surtout que l’on nous apprenne à apprendre, pour devenir parfaitement autonome. Parce qu’à partir d’un certain âge, l’on se retrouve  seul et on doit poursuivre en autodidacte.

Avant de poursuivre, il faut que j’amène de petites expériences qui vont un peu éclairer la situation des garçons à l’école. J’ai eu la chance ou le malheur d’atterir dans des classes de douance. Malheur, parce que pour moi ce qui m’intéressait c’étaient les jeux, le sport et l’exploration. À chaque lundi c’était le découragement devant l’obligation de s’asseoir pendant 5 jours. Horreur de connaître de nouvelles personnes. Extrême timidité. Phénomène étrange : incapable de lire devant la classe; les yeux se mettaient à couler et je ne voyais plus rien. Donc, j’étais un petit peu attardé. Premier groupe de douance : 2ième et 3ième années dans la même classe. Bizarre. Peu de souvenir. Deuxième essai; la bonne. 5 et 6ième années. Élèves triés sur le volet. Toute les notes des 5 premières années analysées, mais surtout comportement irréprochable. Premier véritable professeur. Ce que l’on nomme un maître. 5ième et 6ième années, la véritable matière apparaît. Très difficile. Le professeur nous disait : «Les sixièmes lisez telles pages.» Pendant ce temps, 20 minutes d’explications et de théorie pour les 5ième années. Ce n’était pas évident. Il faut se concenter sur un texte pendant que le professeur parle sans arrêt. Mais dans cette expérience, les gens qui ont élaborés le programme faisait le pari que c’était possible. Et oui, cela fonctionnait bien, mais il fallait toujours que du côté des élèves on entende une mouche voler. Interdiction de parler inutilement. Une discipline très exigeante. Mais… Comme nous étions tous embarqués dans le même bateau, chacun avait un respect pour les efforts que tous nous devions faire. Et c’est là que l’on comprend la problématique des garçons. Car il était très bien vu qu’un garçon finisse premier. Contrairement au classe ordinaire, où entre 13 ans et 17 ans si un garçon ouvre trop longtemps ses livres, est trop studieux, il passe, aux yeux des autres garçons, pour un bôlé. Insulte suprême, pour un garçon. Pour une fille qui performe, c’est plus naturelle. Bien qu’elle passe pour une fille à papa, qui doit la plupart du temps rester à la maison. Et c’était le cas, il y a 20 ou 25 ans. Dans les cinq groupes dans lesquels j’ai fait l’expérience, au sein desquels entre garçons on voulait performer et où ce n’était pas une honte de prendre un peu de temps pour l’étude, au final c’était toujours un garçon qui s’en sortait le mieux. Et ce n’était pas un secret que nous avions nos vies parallèles : nous étions 7 ou 8 à pouvoir rentrer très tard, mais dans le groupe de 5ième et 6ième années il n’y avait qu’une seule fille qui nous accompagnaient (très sportive). Les autres étudiants, on ne les voyait jamais, le soir, faire des folies que l’on fait à cet âge; il n’y a pas que les études dans la vie; j’imagine qu’ils devaient lire à la maison, étudier pour pouvoir performer.

On comprend l’échec des garçons, aujourd’hui. Si on performe dans les sports, ça va. Si on est studieux, on va être sujet aux plaisanteries, aux agacements, et on peut se retrouver à part. D’autant plus que vers l’âge ingrat (14-17 ans), celui qui a le nez dans les livres est parfois bizarre (jamais fumé de cigarette, jamais pris d’alcool, maladroit avec les filles, et surtout pas l’élu des dames). Donc, les garçons sont destinés à faire les cons, à avoir une grande gueule, à défier l’autorité, et, super cool, à se foutre de tout. Les professeurs le disent : durant plusieurs années on ne peut pas demander à un garçon de tenir une heure sur une chaise. Il faut qu’il utilise son corps pour faire des jeux, des trucs, etc. Autre chose. C’est pas toujours une bonne idée de mettre des garçons avec des filles. Les garçons deviennent stupides. À 25 ans, je retourne au secondaire professionnel pour suivre un métier. Le cours dure 2 ans. Mais c’est un emploi d’avenir, donc du sérieux; beaucoup de matière et maîtrise de plusieurs domaines; ce qui veut dire assez coûteux, vu toute la machinerie et les systèmes automatisés. On se retrouve dans un groupe trop nombreux dans lequel il y a trois filles. C’était n’importe quoi. La consigne était qui serait le plus con. (Même un homme de 45 ans entrait dans ce petit jeu de jeune adulte attardé; c’était une vraie contagion.) Les garçons n’arrêtaient pas de médire les uns des autres; manque de discipline, et, bien sûr, les farces étaient toujours fait au dépend de celui qui était puceau. De l’acharnement assez cruel et humiliant. Nous sommes alors deux à exiger de changer de groupe. L’autre groupe, moins nombreux, était uniquement composé de garçons. Ce qui fait qu’il y avait plus de calme et de discipline. Quelques plaisanteries, mais jamais méchantes. Encore un autre puceau, mais les gars l’encourageaient, lui donnaient des conseils, et disaient : «on va te sortir». Ce qui a donné une belle fin d’année. Les garçons restent immatures plus longtemps s’il faut qu’il brille en stupidité pour faire rire et se rendre intéressant vis-à-vis du beau sexe. À moins d’être dans un groupe où l’émulation compte énormément. Dans le cas de l’expérience en 5ième et 6ième  années, école d’un quartier ouvrier assez pauvre, j’ai appris plus tard que durant ces années il y a avait eu évaluation et cette institution d’enseignement était parmi les premières de la province. Il y avait des enfants qui se faisaient virer d’école beaucoup plus dure, où il y avait de la violence, qui atterrissaient dans notre école; et bien, dés la première journée où un garçon a voulu imposer sa loi, en fait, parce qu’il avait dû apprendre à se défendre à l’autre école, le professeur à élevé la voix un tout petit peu, et ayant beaucoup d’expérience, il lui a dit qui il était, et que tout ça était fini. J’ai jamais vu quelqu’un se faire engueuler, à voix basse, à ce point. Tout cela s’est terminé par les pleurs d’un dur. Mais il était absolument dompté. Désormais l’on pouvait se consacrer à l’apprentissage dans le meilleur des climats. Mais ce fut de courte durée. Parce que le secondaire s’est pointé. L’horreur. À dix minutes de marche, plus loin, on entrait dans la jungle. Aujourd’hui, cela ne se fait plus; cette expérimentation d’un très mauvais goût était hallucinante; à douze ans, avoir une consoeur étudiante de 17 ans juste à côté; qui a comme petit ami un homme de trente ans qui vient la chercher à l’école, en motocyclette, et qui lui fournit sa drogue. Des garçons, de 16-17 ans, juste à côté, incapable de réussir leur secondaire un, placé dans des classes spéciales, dans lesquelles je n’ai jamais su ce qu’il pouvait faire durant cette longue journée. C’est sûr qu’on avait une petite crainte, mais le taxage n’existait pas à ce moment. Ce qui fait que les pires à plaindre étaient les enseignants qui avaient tous peur qu’une brute, manifestement douée au niveau de la testostérone perde la tête. Le cours mémorable était l’anglais. Cette gang de débiles heureux de l’être explosait durant ce cours. Résultat : 5 professeurs en arrêt de travail maladie. Le dernier en liste avait trouvé une méthode : il se battait avec l’étudiant de dix-huit ans en secondaire deux. Tout un spectacle qui donne envie de revenir le lendemain à l’école. Tout cela a duré trois ans. Par la suite, je crois qu’il on interdit qu’un étudiant ait plus de 2 ans plus vieux que le groupe. Ce sont les seuls souvenirs qui restent, tout le reste a été effacé, comme dans un cauchemar intense où on ne réussit pas à s’en souvenir. Manifestement nous étions dans la pire des écoles.

Passons à la deuxième caractéristique du surdoué. Cette fois-ci je comprends assez, mais je ne peux pas fournir d’explications. Ce serait le fait d’avoir un éthique plus développé. Mais je n’arrive pas à concevoir à quel niveau. Les surdoués ont des principes strictes, ils sont choqués devant l’injustice, aspirent à l’équité, à la justice distributive, poursuivent un impossible franchise, cherchent et trouvent des solutions pour améliorer la société? Il se peut que cela soit un peu de tout cela. Si on prend le cas de Karl Marx, disons que c’est la plus grande tentative moderne pour tenter de concevoir un monde où la principale injustice serait abolie; soit, la désappropriation du fruit, de la force de notre travail, au profit de véritables parasites prédateurs  qui, en trouvant les règles du fonctionnement du marché (et en trichant ou éliminant les concurrents) et découvrant les mécanismes de l’aliénation par la consommation qui perd toute mesure, deviennent fabuleusement riches et transmettent leur fortune à leurs descendants pour que ceux-ci poursuivent l’entreprise qui perpétue la magnifique œuvre du pionnier qui a su par son grand génie s’élever au-dessus de la masse inférieure des pauvres abruties de travailleurs, qui n’ont rien compris et ne comprendront jamais, et qui surtout si on leur apprend certaines valeurs, (indépendance, fierté du travail accompli, le bonheur de pouvoir se payer ce dont l’on a envie), n’auront aucun intérêt à se solidariser pour pouvoir changer l’état des faits économiques qui sont ni plus ni moins que la domination d’êtres qui ne veulent surtout pas travailler (voir La théorie de la classe des loisirs). Le capitalisme a la principale propriété de créer une civilisation piégée, de laquelle il est presque impossible de sortir, au risque de créer un immense chaos désorganisateur. Entendu que la principale qualité de cette économie de marché, c’est d’organiser l’ensemble des comportements, tout en laissant une grande impression de liberté aux travailleurs. Mais c’est aussi un type d’organisation qui permet indirectement le principe de l’utilitarisme : le plus grand bonheur pour le plus grand nombre, en Occident, du moins.

Ce qui nous donne le début de notre réponse sur un sens de l’éthique plus développé, car Marx était un surdoué, mais qui a su survivre, trouver un sens à sa vie, créer quelque chose d’unique, devenir un véritable génie. Sur ce deuxième caractéristique je dois m’arrêter ici. Seulement une chose : être surdoué, donc avoir un éthique plus développé nous donne de grands auteurs qui avaient à cœur de changer la société et non pas seulement y agir pour notre propre intérêt.

Troisième caractéristique. Celle-là, saute aux yeux. Elle est vérifiée par les trois personnes que j’ai connu. C’est la multidisciplinarité-polyvalence. Mais c’est un immense piège. Parce que l’on va se retrouver dans la situation ou on ne saura pas quoi choisir de faire dans la vie.

Un exemple : quelqu’un peut apprendre la musique, le solfège, à partir d’un livre. Un jour il apprend la sonate à la lune, qui est un pur ravissement quand on regarde et écoute juste à côté du piano. Une autre fois, en passant par le conservatoire, on se dit, en cachette, allons essayer un des pianos. Surprise. Dés les premières notes c’est de l’impressionnisme debusien. Une autre journée, un peu plus dévergondée, il joue du ragtime et du blues, qui sont assez  proche l’un de l’autre. Pour terminer par une longue improvisation inspirée; mais quelle surprise!, il a intégré le style de nul autre que l’unique Keith Jarret. Celui qui a vendu un disque, Live at Köln (Cologne), qui se trouve a être l’album de jazz le plus vendu de tous les temps. Nul besoin de dire qu’il est fortement recommandé d’acheter ce disque. Cette personne que je connais, manifestement surdoué, puisqu’il peut intégrer et assimiler autant de styles musicaux, sans jamais avoir suivi de cours et en pratiquant pas trop souvent de son instrument, aurait pu faire une carrière musicale. Mais ce n’est que le début. Si je calcule le nombre d’instruments différents avec lesquels je l’ai vu jouer, on en compte au moins dix.

Il y a évidemment autres choses. Cet individu surdoué répare sa voiture, fait de la plomberie, de l’électricité, un peu d’électronique, de la menuiserie. Le tout en ayant pas suivi de cours. Son apprentissage le plus récent est l’ordinateur et internet. Il a maintenant dans la cinquantaine; ce n’est pas toujours évident d’apprendre tout à partir du début, à cet âge. Mais maintenant il a appris tout ce que j’ai appris en dix ans.

Attardons-nous un instant à l’expérience et à la théorie en informatique. Si vous faites une mauvaise manœuvre, effacez ou formatez votre disque dur ou si un virus à effacer la master boot record; pas de panique, il n’y a rien d’effacer, seulement que la table d’allocation. Il suffit de ne plus rien copier où installer. Vous allez vraiment apprécier ce que je vais vous dire, car si vous perdez des souvenirs (photos, musiques) ou du travail de plusieurs années (véritable catastrophe), il faut absolument faire venir quelqu’un ou acheter un logiciel, mais lequel? (ça peut finir par coûter cher). Donc on peut le faire à distance (envoyez-moi un courriel et je vous dis comment faire pour tout récupérer vos données sur votre disque; le logiciel coûte 130$. Par contre, si le moteur à rendu l’âme (trouble mécanique) ou une chip ou une résistance c’est pas pour nous. Dans le cas du moteur, il faut ouvrir et récupérer le disque, ce qui coûte entre 500-1000$? Si c’est un trouble électronique, ce peut-être moins coûteux. Chose certaine, ce que nous avons sur nos disques à souvent pas de prix.

Maintenant, la quatrième caractéristique qui est en fait une résultante des trois premières. Commençons avec son rapport avec la troisième caractéristique : la grande polyvalence. Il y a donc cette question qui se pose pour le surdoué : «Que vais-je faire dans la vie?» Si je peux apprendre un cours de deux ans en deux mois; le temps va être long. On termine tout de même le cours pour occuper ce métier. Après quelque temps, la notion de défi à relever n’est plus là, on connaît tout de notre métier; on stagne; à moins de changer d’industrie. On reste, mais ça devient ennuyant. Il ne faut pas oublier que l’on est condamné à apprendre, si on est surdoué, sinon c’est l’insatisfaction, et que pour Hegel le sens de la vie, c’est la satisfaction; non pas des besoins, mais plutôt de réaliser la transcendance par la création. On a donc pas le choix, il faut passer à un autre métier, afin d’avoir de nouveaux défis.  Mais cela va durer combien de temps tout ça.

Ce qui fait que le surdoué à de la difficulté à choisir une profession ou un métier, car il peut en occuper une multitude. Ce qui fait qu’il n’arrive pas à se fixer.

La résultante est que ce fameux surdoué, selon le portrait que l’on en a tracé n’est pas doué d’un très grand bonheur. Plusieurs ont tendance à rater leur vie. Le cas le plus tristement célèbre, c’est celui du philosophe de la Volonté de puissance. Il était fait pour réaliser quelque chose de grand, mais la folie en a eu raison. Il devait payer pour publier ses livres, mais aucune revue, ni journaux, absolument rien n’en faisait un compte rendu. Par conséquence, il n’avait aucune existence; il errait.

Le surdoué peut réussir, être bien, faire quelque chose d’important, de marquant, mais trop souvent il erre et il est malheureux.

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