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18 janvier 2011

L’amitié

« Certaines vérités sont bonnes à posséder.
D’autres, mieux encore, atteignent leur
caractère d’excellence  parce qu’elles sont
éminemment partageables. »

C’est ce que nous offre Cicéron* avec son traité sur l’amitié. Il nous fait partager ce qui est et sera pour toujours la chose la plus précieuse : la bienveillance envers un être d’exception, comme peut l’être un ami.

Il décrit cette relation comme étant la plus belle qui soit. Et il a parfaitement raison, puisque

« l’ amitié n’est autre chose en effet qu’un accord en toutes choses divines et humaines auxquelles se joignent la bienveillance et l’affection mutuelle ; certes, à part la sagesse, je ne crois pas que les dieux immortels aient rien donné de meilleur à l’homme. »

Les qualités que requiert l’amitié dépassent l’entendement. Ceux qui les possèdent ne savent souvent pas comment les décrire. Elles sont comme une seconde nature pour ceux qui les possèdent. Elles vont de soi.

Cicéron en fait quand même une description mémorable et tout à fait satisfaisante.

Dans l’amitié on retrouve :

« Des hommes dont la conduite, dont la vie, mérite qu’on loue  leur loyauté, leur droiture, leur sens de l’équité, leur générosité, en qui l’on ne trouve ni convoitise, ni goût déréglé de plaisir, ni prétention insolente, mais qui possèdent en revanche un caractère ferme… »

L’amitié n’ayant lieu qu’entre gens de bien, ce qui est particulièrement aimable dans cette relation c’est le fait de bénéficier de la présence d’un être que l’on estime, qui nous impressionne par sa droiture, sa bonté et sa quasi-irréprochabilité, et qui juge, lui aussi, pour sa part, que l’estime se partage.

Il semblerait donc qu’un des principaux fondements de l’éthique se définit par la capacité à nouer des relations fortes de bienveillances mutuelles, au sein desquelles les pensées et les actes ne peuvent nuire à autrui ou à soi-même. Cette définition de l’amitié rejette tout acte de couardise ou de malveillance envers qui que ce soit. Si c’était le cas, c’est que cette relation n’en fut pas une d’amitié.

«Posons donc en règle absolue que nous ne demanderons jamais à nos amis de faire quelque chose de mal et que nous opposerons un refus à une demande de même sorte.»

L’estime, que l’on portait à quelqu’un qui tente de nous entraîner et de nous obliger à supporter sa déliquescence morale, disparaissant, il n’y a plus lieu de poursuivre cette relation.

De fait, mériter la considération d’un ami nous donne le courage de persévérer et de continuer à estimer ce qui vaut la peine d’être estimé : l’amitié.
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Cicéron, dans ce traité, est incontournable, car il résume tout ce qui avait été dit par ses prédécesseurs et ses contemporains au sujet de l’amitié. Et on ne saurait guère en rajouter.

Sa principale qualité étant le discernement, il réussit à distinguer le préjugés et le jugement biaisé, d’un raisonnement juste. Il répondit à son ami Térence qui disait que l’« on gagne l’amitié des gens par la complaisance, car la vérité engendre la haine », ainsi :

« Il est vrai, c’est chose dure que la vérité, (…) mais la complaisance est encore bien pire, parce qu’en étant indulgent aux fautes commises, on laisse un ami se précipiter dans la déchéance… »

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