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Divagation
17 janvier 2011

Les psychopathes sociopathes

Certaines raisons expliquent l’engouement pour le film d’horreur, qui fut, pour la première fois, dans les années quatre-vingt, un style à part entier.  Ce n’est certainement pas un hasard, car il fallut des conditions sociales spécifiques pour que ce genre soit aussi prisé. Certaines époques voient les goûts cinématographiques se majorer en fonction des phantasmes, des phobies, des idéaux et des obsessions. Une analyse historique profonde permettrait de faire ressortir les modulations morbides de l’imaginaire collectif. Ce serait un travail de longue haleine, qui demanderait trop de temps, même si le sujet se révélait fécond. Mais faisons un essai.

La dissolution de la sphère collective

Au début des soixante-dix de nouveaux paramètres sociaux se forment, suite à la démocratisation de l’enrichissement des foyers. On vit apparaître une jeunesse affranchit des obligations antérieures de solidarité envers la famille. Le monde des adultes, travaillant vaillamment et sans trop se poser de questions existentielles, devint alors un puissant repoussoir pour la nouvelle génération contestataire, qui put se payer le luxe de s’opposer et de refuser les valeurs bourgeoises, tout en bénéficiant des fruits de l’enrichissement. La contestation eut lieu, et les individus en profitèrent pour se donner les apparences de révolte, au sein d’une période économique exempte de précarité et de soucis, dont les lendemains ne semblaient pas trop problématiques, ni assombrit par les conjonctures. La croissance étant au rendez-vous, les adolescents et les jeunes adultes verront la vie de leurs parents comme une routine conformiste et peu glorieuse. C’est aux valeurs conservatrices qu’ils en voudront, sans se rendre compte qu’ils y viendront eux aussi, très tôt,  à partager les vertus du confort, et d’une façon tout aussi plate, mais, cette fois-ci, hypocritement et subrepticement, quand le système aura besoin d’eux et qu’ils auront à leur tour leur propre projet familial et leurs avenirs sonnant monétairement.

Au moment de vivre le rejet des attaches familiales restreintes, cette génération cru et se persuada qu’ils étaient les premiers à inventer une famille collective élargie (les groupes, les communes, les rassemblements dont la  musique devint un vecteur de religiosité et une ouverture sur le monde des perceptions et des sensations). Encore aujourd’hui ils prétendent avoir gouté à l’ essence de la vrai vie. 


Au sein de cette période d’épanouissement quasi idyllique va naître une nouvelle typologie de psychopathes sociopathes qui ne bénéficieront aucunement de cet esprit de communion et d’échange fraternel. Ces individus profondément dysfonctionnels verront justement la joie et le bonheur naïf de leurs contemporains comme une négation fondamentale de leur propre existence et de leur expérience infantile. Et c’est ce qui deviendra le principal catalyseur inconscient de tout ce qu’ils abhorreront. Si la jeunesse heureuse de leurs contemporains ne leur avait pas paru aussi douloureuse, parce qu’elle leur rappelait leur échec et leur mal de vivre, ils auraient probablement eu moins de ressentiment envers cette société.

On dénote dans la vie des psychopathes, à des degrés divers, une enfance souvent infernale au sein d’une cellule familiale maladive et non propice à l’épanouissement. Rejetée dès l’enfance, humiliée à de multiples reprises, la sphère collective leur apparaissait étrangère et hypocritement fausse. Ce que la société véhiculait, eux, ne  serait jamais à même d’en profiter, puisqu’ils ont subi des schémas angoissants et mortifères. Comme ils ont vécu dans l’anxiété et la peur chronique, ils transporteront, par le fait même, leur morbidité et leur violence avec eux, durant leurs tentatives de s’adapter à la collectivité. Leur rapport à la société, dans cette période d’adaptation, demandait justement un minimum de confiance pour qu’il s’y intègre.

Leurs premières années d’intégration scolaire ayant été un retentissant échec, dans de nombreux cas, le mal étant fait, il seront foncièrement mésadaptés. Ils en deviendront des êtres errants en eux-mêmes et doublement perdus en société. Le travail de socialisation avorté ne pouvait faire autrement que de leur faire ressentir le rejet qu’ils vivaient. Bafoués et rejetés, dès leur tendre enfance, ils ne seront que des âmes douloureuses en perdition. Incapables de vivre les premières manifestations de filiation, ils ne connaîtront jamais d’expérience d’amitié et d’empathie. Leur seule alternative étant la destruction.

Il ne s’agit pas de justifier leurs actes abominables, mais il faut tenter de saisir la profondeur de la détresse et des dommages qu’inflige une enfance catastrophique et malsaine. Plusieurs psychopathes manifestent le soulagement de voir que tout s’arrête: leurs impulsions, leurs phobies, leurs agressivités, leurs enfers et celle qu’ils font aux autres. Ils n’ont, dans les pires cas, pas de regret ou de contrition, mais un soulagement d’être enfin arrêté et mis à l’abri.

Le type du tueur en série apparaît à une époque profondément fallacieuse qui célèbre le bonheur collectif et l’entente conviviale d’une société qui prônent la paix, mais qui installe les prémices de la violence économique future. Pratiquement tous mésadapté, les sociopathes provenaient de familles non conforme et dysfonctionnelle, qui ne bénéficiaient aucunement des fruits de la prospérité. Bien au contraire, ils originaient presque tous de cellules familiales qui manifestaient des difficultés à s’établir et à fonctionner avec une certaine sécurité. Comment auraient-ils pu comprendre, vivre et participer aux idéaux que prônait une société riche qui avait connu un certain épanouissement serein et une relative réussite matérielle ?

Les phobies et l’anxiété individualiste

Les années quatre-vingt sont considérées comme étant le début de la manifestation d’un repli sur la sphère privée individuelle. Le communautarisme disparaît et les valeurs collectives sont réinterprétées vers l’obligation envers la réussite personnelle. Ce qui comptait antérieurement s’amenuise au rythme où s’accélère le combat de chacune contre chacun. Chaque vie se construisit en confrontation face au prochain, puisque les ressources commencèrent à se tarir : plus question de prendre son propre avenir à la légère. Le souci de soi et de sa propre situation devint, dès lors, la maxime principale. Il fallait construire sa vie, sans se laisser détourner des buts personnels.

Il en résulta la peur de l’autre et le désir de s’aménager une vie confortable, à l’abri de l’inconnu. Le cinéma se nourrira de ce repli et de la crainte de voir surgir un individu qui pourra tout nous enlever, et en particulier la vie, dans une manifestation horriblement violente : le tueur fou, sans respect pour ce que l’on a bâti. Cet être solitaire et replié, comme nous le sommes devenus, violent sans raison, représente le destin tragique de l’époque actuelle. Cette altérité agressive vient éliminer tout ce que l’on voulait, et ressemble à une personnalisation de la société actuelle lorsque tout s’effondre dans nos conditions sociales et que se dissipe tout ce qui était établi.
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Ce texte origine d’une réflexion sur les motivations que peut avoir un être déséquilibré pour tuer violemment. Il est le fruit de l’analyse d’une trentaine de cas pathologiques. L’hypothèse socio-philosophique est purement gratuite et baclée. Mais elle est particulièrement forte.

Voici certain cas et quelques explications.

Ralph Andrews prenait ses victimes par surprise. Il les violait, les frappait, puis les assassinait (avec une arme blanche ou une arme à feu). Puis, il commettait des mutilations sexuelles sur les corps. Souvent, il a éventré les cadavres du cou à l'abdomen. Le plus souvent, il jetait les corps dans un endroit isolé, généralement un jardin ou un champ.

L'archétype du tueur en série.

Lorsque Jeffrey Dahmer eut environ 8 ans, « une peur étrange commença à se faufiler dans sa personnalité, une peur des autres combinée avec un manque général de confiance en soi. Il développa une réticence à changer, un besoin de sentir l'assurance des endroits familiers. La perspective de devoir aller à l'école l'effrayait. Le petit garçon qui, auparavant, semblait si heureux et sûr de lui avait été remplacé par une personne différente, qui était maintenant très timide, distante, presque non-communicative ».

« Il devint de plus en plus timide, et lorsque d'autres personnes l'approchaient, il devenait très raide. Il restait chez lui, seul dans sa chambre ou à regarder la télévision. Son visage était souvent vide, sans expression, et il donnait plus ou moins l'impression permanente de quelqu'un qui ne pouvait rien faire d'autre que d'avoir le cafard, sans aucun but dans la vie.

Alors que les autres garçons aspiraient à un bon emploi, des études ou la création d'une famille, Jeffrey Dahmer, lui, était dépourvu d'ambitions et de projets. "Il a dû se voir comme complètement en dehors de la communauté humaine, en dehors de tout ce qui était normal et acceptable, en dehors de tout ce qui était admis d'un autre être humain."

C'était le genre d'environnement dans lequel l'obscurité de la psyché humaine peut être aseptisée et réprimée. Il ne pouvait se permettre l'infamie de l'aliénation mentale, alors son obscurité a grandi, encore et encore, sans pouvoir sortir. »

« Les psychopathes se caractérisent par des émotions peu profondes, de l’impulsivité, font preuve d’irresponsabilité, d’égocentrisme et d’absence d’empathie ou de sentiment de culpabilité. Ils n’éprouvent tout simplement pas les émotions comme nous. Ils n’aiment pas comme nous le faisons.

Ils sont dépourvus de conscience et de sentiment à l’égard des autres. Ils prennent froidement ce qu’ils veulent et font comme bon leur semble, violant les normes et les attentes sociales sans éprouver le moindre sentiment de culpabilité ou de regret.

Nombre des caractéristiques qui permettent d’inhiber les comportements antisociaux et violents —empathie, liens affectifs étroits, crainte du châtiment, sentiment de culpabilité—sont absents ou sérieusement déficients chez les psychopathes.

On estime que 20 à 25 % de la population carcérale est psychopathe, mais ce groupe est responsable de plus de la moitié des crimes violents perpétrés dans notre société.

Environ 90 %  des tueurs en série sont des psychopathes. »

« Selon le Docteur Lunde, les malades mentaux, contrairement à ce que l’on pourrait penser, tuent moins que les gens "normaux". Les tueurs en série sont souvent des sociopathes (la sociopathie n’est pas une maladie mentale) et sont capables d’avoir une vie "normale". »

« L'une des choses... qui me déconcerte c'est... pourquoi je ne semble pas pouvoir produire plus de sentiments. Je veux dire, si j'avais été capable de ressentir plus d'émotions, tout ça ne se serait peut-être jamais produit. Mais il me semble que mon émotion, mon côté émotif a été... atténué. »

Kemper pensait que c’était lui qui, à travers ses meurtres, avait accompli une déclaration sociale, effectuant une "démonstration aux autorités de Santa Cruz" en assassinant les jeunes femmes que la société chérissait le plus.

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