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3 décembre 2010

Le libéralisme (suite)

Pour faire suite au premier texte, je vais tenter de modérer l’enthousiasme prosélytique de certains penseurs contemporains du libéralisme. Je dois, par contre, mentionner, tout de même, que ce courant de pensée fait partie des conceptions du monde sociale et économique les plus concluantes et importantes, même s’il erre, non pas constamment, mais souvent.

Les problèmes de certaines propositions

1- Ainsi, «sur le plan politique, le libéralisme ne cherche pas à déterminer qui doit détenir le pouvoir : il fixe des limites à l'autorité politique, les moyens qu'elle peut ou ne peut pas utiliser».  Il y a un peu de mauvaise foi dans ce propos. Il faudrait être plutôt sincère et dire que le libéralisme ne cherche pas à déterminer qui doit détenir le pouvoir, sauf que ce pouvoir doit nécessairement être imparti à un libéral, de manière fortement préférable. C’est donc tendancieux, et cela fait en sorte que, comme d’habitude, leurs biais, aux fameux penseurs, ne sont pas assumés, et il est, en ceci, légèrement inconscient; si on veut être respectueux. Ajoutons que s’il fixe des limites à l’autorité politique, c’est peut-être à cause d’un certain irrespect devant l’autorité politique. Il n’y a pourtant pas de mal en ce qui concerne l’autorité politique. C’est l’usurpation et les abus qui posent problème, et nous n’en sommes pas là. Je veux dire que nous ne sommes pas dans un régime totalitaire. Ceux qui insistent trop sur le caractère néfaste des régimes interventionnistes ne peuvent juger adéquatement puisqu’il n’ont jamais connu le totalitarisme liberticide. Il faut être plus précis. Le pouvoir pose des problèmes, certes, lorsqu’il s’allie aux puissances de l’argent et de la finance anonyme. Lorsque les puissants entrent en jeu.

Pour ce qui est de redistribuer une infime partie de la richesse, je ne crois pas que ce soit si déterminant et si effrayant. Les libéraux vous diront, mais vous spolier les individus, non pas les citoyens, car ils ne savent pas ce que ce mot veut dire. On doit leur répondre que la base de votre système amène des comportements qui incitent au chacun-pour-soi. Il vous faut donc jouer le jeu complètement. Si vous créer des monstre d’égoïsme et assoiffé de la puissance que procure la possession de l’argent et ce que cela rapporte en terme de jouissance et de confort, vous devez comprendre que certains, si ce n’est pas la majorité, croient que tous ses efforts pour arriver à la possession et à ses jouissances est un peu irrespectueux envers ceux qui gagne honnêtement et honorablement leur vie au quotidien. Bien sûr, les gens qui jurent par la liberté individuelle vous répondront, mais vous vous trompez de cible, vous spoliez les travailleurs de la classe moyenne. Et évidemment, vous nuisez à ceux qui sont plus brillants, les entrepreneurs, et pourquoi pas les financiers. Attaquer vous plutôt à la ploutocratie, aux hyper riches. Nous leur répondrons que c’est pour l’instant une solution risquée de s’attaquer aux hyper puissants, grands capitalistes, et leurs valets, engagés pour leur talent d’illusionniste, pour nous faire croire que l’économie est une science. Non. À chaque fois cela résulte en un coup d’État réactionnaire. En assassinats.

2- «Le libéralisme politique est consécutivement la doctrine politique visant à limiter les pouvoirs de l'État pour ramener celui-ci à la protection des droits et libertés individuelles.» Le libéralisme est la doctrine politique. Mais qu’est-ce qu’une doctrine politique qui limite les pouvoirs de l’État, si on est obligé d’admettre qu’il n’existe pas de politique en dehors de l’État et de son obligation d’intervenir. Sinon elle n’est qu’un mot creux. Ce serait donc une doctrine du vide politique, de son absence et de sa non-existence. On se contredit légèrement en postulant ceci.

3- «C'est tout autant l'étatisme ou l'État-providence qui instaurent des barrières au commerce, que la constitution de conglomérats ou ententes industriels qui acquièrent une position hégémonique sur le marché.» Encore faux. Les conglomérats n’opposent pas nécessairement des barrières au commerce. Au contraire, ils le stimulent, dans plusieurs cas. L’innovation, pour la commercialiser, à besoin d’un certain volume de vente pour être rentable, par les économies d’échelle, aussi bien-dire qu’elle doit pouvoir compter sur la totalité des consommateurs potentiels, au début. Il faudrait dire plutôt que les brevets doivent avoir une certaine durée, pour que par la suite d’autres producteurs puissent entrer dans le jeu de la production. Donc, au démarrage du projet et seulement après une certaine période, cela est bénéfique qu’il y ait des monopoles, après d’autres doivent pouvoir innover sur la première innovation, et ainsi de suite.

Prenons les cartels du pétrole. Une fois que les gisements sont trouvés et exploités, après une certaine période de grands profits, rien n’empêche que l’État rachète à un fort prix la corporation, pour continuer l’exploitation. Ce n’est pas immoral et rien ne l’interdit légalement. On ne peut pas non plus dire que cela brime les libertés individuelles. Les actionnaires sont bien récompensés. Tout va bien. Mais l’économie ou la théorie nous objectera que plus aucune compagnie ne voudra se risquer dans l’exploration si elle ne possède pas infiniment les droits de propriétés. Je crois que non, si on offre le double de la valeur réelle de la corporation. Non-pas de la valeur côté en bourse, parce que sinon tout le monde se ruerait sur les actions avant le rachat, et les feraient montées exagérément. Il faudrait donc trouver une méthode comptable qui rendrait rentable la prise d’achat d’action et qui éloignerait les spéculateurs. Mais est-ce possible?

4- «L'accusation contemporaine la plus commune qui est portée contre le libéralisme est qu'il n'accorderait quasiment aucune valeur à la réduction des inégalités et considérerait les politiques de solidarité comme dangereuses. Pour les libéraux, il s'agit de distinguer le fonctionnement de l'économie de la politique sociale, deux domaines ayant leurs propres objectifs. Ils considèrent que les mélanger crée des confusions, opacités et effets pervers au détriment des deux.» Dans ce qui précède, il faut retenir qu’il s'agit de distinguer le fonctionnement de l'économie de la politique sociale, deux domaines ayant leurs propres objectifs. Bien sûr qu’il faut distinguer, mais de dire que c’est deux domaines ayant leurs propres objectifs, est un postulat indémontré. Qui nous le prouve, ou, est-ce que les faits corroborent cette assertion ? Évidemment non. L’économie a toujours cheminé avec des règles et des normes, donc elle est sociale. La preuve, la grande découverte de Karl Polanyi consiste à dire que «le désencastrement de l'économie par rapport au social durant la période 1830-1930 était la cause principale du développement des États totalitaires du vingtième siècle. Polanyi y critique ainsi le passage du primat du social sur l'économie à celui de l'économie sur le social.» La politique sociale renforce ainsi l’économie, et vis versa. Pour ce qui est du primat du sociale sur l’économie, pour ceux qui connaissent l’anthropologie et l’ethnologie, c’est une évidence. Dans le cas contraire, où l’économie prime sur la sociale, c’est une des grandes raisons des guerres qui commencèrent aux environs de l’antiquité. Avant les querelles était souvent plus d’honneur ou d’homicide, mais ces sociétés avaient des mécanismes qui mettaient fin à la vengeance. Parce que très tôt au lieu de s’attaquer on se livrait à l’échange matériel, de femmes ou symbolique, la plupart du temps. Il est évident, que durant la plus grande partie de la préhistoire et de l’histoire, pour les peuplades à travers le monde, le sociale primait sur l’économie.

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