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3 décembre 2010

Le libéralisme

Le libéralisme pourrait être appelé le système qui promeut la liberté et la primauté de l’individu. Et cette liberté fonctionne grâce à la tolérance envers les valeurs d’autrui. Pierre Bayle a justement écrit un commentaire philosophique appelé De la tolérance (1686), que malheureusement on ne lit plus, au moment où faisait rage les conflits inter-religieux, en Europe. «Il fut un des auteurs les plus lus de son temps : Calviniste convertit au catholicisme, puis revenu à la foi protestante, il a bataillé toute sa vie contre les dogmes traditionnels et les idées reçues. Critiquant le principe d’autorité (c’est justement contre l’absolutisme politique que les libéraux proposeront leurs valeurs et leur système) et prônant le libre examen et la tolérance religieuse, sa pensée eut un retentissement considérable au Siècle des lumières (…)»  Pour être plus précis et conclusif, avant terme, disons que «le libéralisme c'est d'abord une morale individuelle, ensuite une philosophie de la vie en société dérivée de cette morale, enfin seulement, une doctrine économique qui se déduit logiquement de cette morale et de cette philosophie.»

Les courants

Les deux courants les plus importants sont le libéralisme politique et le libéralisme économique. Commençons par le libéralisme politique. Il postule «la primauté de la liberté individuelle sur toutes les formes de pouvoir.» Outre Bayle, ses plus grands représentants sont John Locke, David Hume, Adam Smith et Montesquieu. En gros ces auteurs disent que l’État, à l’époque pratiquant le mercantilisme, ne doit aucunement intervenir (sauf pour la justice et les forces de l’ordre), que l’autorité en politique a des limites, et que ces limites sont restreintes par la promotion des droits, des libertés et de la responsabilité.

Au niveau de l’économie, l’idée principale est le fait inaliénable de la propriété privée individuelle. Il y a aussi la question du jeu de la concurrence, soit la libre possibilité de pouvoir entrer sur le marché sans entrave de l’état. Le libéralisme devient donc l’ennemi de l’étatisme. En bon libérale, ce que l’on dit moins souvent, il s’ensuit, avec le développement de l’économie moderne, qu’il est tout aussi répréhensible de constituer des monopoles de production ou de distribution. Concrètement, ce courant de pensée insiste sur la liberté d’entreprendre, de choisir son travail et la possibilité d’avoir un vaste choix de consommation.

Par ailleurs, il y a deux courants importants en économie. Le premier, que l’on nomme classique, prétend qu’il faut appliquer les principes fondateurs à l’économie : propriété, responsabilité et liberté d’action (entreprendre). Que l’on a pas assez d’informations pour parvenir à décider ce qui doit être fabriqué et vendu. Ceci est le lot de la liberté d’entreprendre, car chaque agent, avec essai et erreur, parvient à tester le marché. Le second, néoclassique, avec son plus grand représentant Hayek, parle d’état d’équilibre entre les actions économiques des agents, le fameux équilibre général, qui se produit, un peu de manières naturelles. À leur décharge, on doit dire qu’ils prennent quand même en compte l’idée de la défaillance du marché. Ce qui est une amélioration par rapport à leurs devanciers. Il faut toutefois avoir à l’esprit que dans La route de la servitude, Hayek semble être d’accord avec l’idée d’un minimum de revenu pour pouvoir être minimalement libre, donc, on peut, à juste titre, prétendre qu’il aurait été d’accord avec l’idée d’un revenu minimal garanti, de citoyenneté. Pour plus de détail, je vous renvoie à mon texte précédent : La route de la servitude.

Voyons maintenant ce qu’une vision idéaliste du libéralisme nous propose.

«La philosophie libérale est profondément humaniste et optimiste, elle croit au potentiel de l’individu et aux bienfaits de la conjonction des actions humaines. Plus que jamais, elle est aussi sceptique face à de quelconques principes directeurs qu’il faut imposer – que ceux-ci viennent de préceptes moraux religieux ou de préceptes socialistes. Le libéralisme est ancré dans la tolérance, tolérance envers les valeurs de l’autre. Le libéralisme est l’antithèse de l’impérialisme, c’est l’humilité de se dire qu’on n’est pas parfait et que l'on n’a pas à imposer ses valeurs, même celles qui ont trait à la démocratie, aux autres. Le libéralisme croit à une coercition minimale de l’État tant économiquement que socialement.  «(…)le libéral ne croit pas aux solutions collectivistes autant de «droite» que de «gauche». Même si moralement, le libéral peut ne pas être attiré par certaines valeurs, il ne se permet pas d’interdire ce qu’il croit moralement mauvais. Il n’impose tout simplement pas ses valeurs aux autres. (Jonathan Hamel)

Tout cela est peut-être un peu utopique, car il y a des limites au laisser-faire, à ne pas interdire ce qui est immoral, pervers ou nuisible. Par exemple, il est ni morale ou immorale que chacun ait sa propre voiture, c’est une question d’utilité. Par contre, la somme totale des véhicules sur la route représente un fardeau pour la qualité de l’air, pour l’empreinte écologique. Les libéraux vous diront que l’on ne doit pas interdire que quelqu’un possède une voiture. Soit. Mais aujourd’hui nous prenons conscience qu’il y à des limites. Et c’est justement dans ce déni des limites à la liberté que le libéralisme s’enfonce. Donc, le libéralisme est une forme de «philosophie» qui est datée et doit être dépassée. Prétendre le contraire est ridicule et inconscient.

Pour finir, un dernier bijou d’idéalisme.

«On reproche au libéralisme d'être matérialiste, de prôner la poursuite exclusive de la richesse aux dépens de toute autre valeur, alors qu'il n'a d'autre aspiration que de permettre l'épanouissement des êtres humains et la réalisation de leurs objectifs, spirituels, affectifs ou esthétiques autant que matériels. On lui reproche d'être sauvage alors que, fondé sur le respect intégral des autres, il exprime l'essence même de la civilisation (?).»

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