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9 novembre 2010

Opinions

Dans les régimes démocratiques contemporains, il est préférable que les citoyens puissent se faire une opinion personnelle sur une quantité notable d’enjeux qui concerne la société ou plus directement à propos des questions qui procèdent de leur propre intérêt. Mais il y a une autre raison qui plaide en faveur de l’obligation de se forger nos propres opinions. C’est celle qui a trait à l’identité. Une personne qui n’a pas d’opinions est souvent considérée comme étant sans caractère et fade. D’autant plus que pour avoir une certaine forme d’autonomie il faut pouvoir user de discernement, de jugement et de délibération, et c’est justement à quoi peut servir le processus de formations de l’opinion. Mais il faut ici considérer l’opinion dans sa forme la plus pure, c’est-à-dire comme étant le résultat d’une démarche personnelle intense qui nous permet de prendre position sur une série de phénomènes sociaux qui concernent l’activité citoyenne et qui se hisse au niveau des enjeux communs.

Certains économistes considèrent actuellement que ce n’est pas uniquement la consommation de biens et de service qui permet à une société d’atteindre une forme de satisfaction, mais qu’il y aurait aussi d’autres paramètres comme le fait de pouvoir disposer d’un "air relativement pur, d’avoir le sentiment de faire partie d’une communauté, et de bénéficier d’un climat de sécurité et de confiance au sein des nations et entre elles." Si l’on veut poursuivre ce raisonnement de l’économie dite raffinée, il faut admettre que pour faire partie d’une communauté il faut mettre en commun nos intérêts, et cette particularité ne peut se faire qu’en participant aux échanges et aux débats qui nous concernent comme collectivité. Par ailleurs, pour "John Rawls (…) l’amour-propre (vraisemblablement fondé sur l’identité, le caractère et le fait d’avoir des opinions) peut être compté parmi les biens primaires qu’une société bien ordonnée doit fournir à ses citoyens." On est évidemment en droit de se demander quel est le lien entre l’amour-propre et le fait d’avoir des opinions. C’est celui-ci: "n’avoir point d’opinions équivaut à perdre son individualité, sa personnalité, son identité, son caractère, son moi. Et qui n’a pas de moi ne saurait guère avoir d’amour-propre ou de respect de soi."

Mais il y a plus encore. Pour Wilhelm von Humbold "l’individualité et l’originalité sont sur quoi repose, en dernière instance, toute la grandeur de l’homme, ce vers quoi il faut sans cesse aller." Et bien entendu une partie de notre originalité provient du fait que l’on "possède" des idées. Et les opinions, même si elles sont des formes d’idées en raccourci, doivent être "professées avec foi" et détermination.

Toutefois, il ne faut pas que nos opinions soient complètement arrêtées et figées. "Pour qu’une démocratie fonctionne bien et perdure, il est capital que les opinions ne soient pas pleinement formées avant le processus de délibération." Donc "Une façon d’acquérir des opinions (…) est de ne leur donner de forme définie qu’après une intense confrontation avec d’autres points de vue, autrement dit qu’après s’être soumis au processus de la délibération démocratique." Cette condition, les meilleurs régimes démocratiques doivent en faire la promotion, en éduquant leurs citoyens dans le sens d’un désir profond de vouloir participer à la chose publique. "Il apparaît donc que l’intérêt public à un système démocratique converge à merveille avec l’intérêt privé à des opinions formées de manière à renforcer le respect de soi."

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