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Divagation
1 mai 2011

Le tempérament nerveux

Cet ouvrage important et volumineux d’Alfred Adler nous introduit dans une conception assez originale de la psychanalyse. Elle renferme une multitude de découvertes valables. Peut-être que comme les théories d’Otto Rank, avec Adler on quitte la psychanalyse pour entrer dans des conceptions nouvelles.

Mise en contexte

Alfred Adler ne croit pas en le pansexualisme de Freud. Pour lui, autant chez Freud que chez Young il y a une dose de fantaisie. Ce sont des conjectures tirées d’expériences isolées et peu concluantes. Sorte de fabulations improductives. «D'après Freud, en effet, une névrose résulterait de la formation de pulsions perverses et de leur « refoulement manqué » dans l'inconscient (…).» Pour notre auteur, il serait plutôt question de buts élevés manqués. «Pour autant qu'elle se manifeste dans la psychose et dans la névrose, (la perversion) est le produit, non d'une impulsion innée, mais d'un but final fictif, et que le refoulement n'est qu'un résultat secondaire qui se manifeste sous la pression du sentiment de person-nalité.» D’autant plus que chez le tempérament nerveux, névrosé, le sentiment de personnalité est exacerbé. Ce type particulier (le nerveux), se livre beaucoup plus à l’introspection que l’homme dit sain, pour une multitude de raison, dont son sentiment d’infériorité. Je simplifierais la chose ainsi. Un des principaux but de la vie étant la réalisation personnelle qui mène à la sécurité, au bonheur et à la sérénité, il appert que si on manque ce but et que la naturelle volonté de puissance reliée, en autre, au plaisir (le déplaisir à l’impuissance) ne peut devenir effectif, il en résulte un sentiment d’infériorité insoutenable qui cherchera à surcompenser; et en cas d’échec, c’est la névrose. Et dans ce cas il y a chez la majorité des individus affectés un infériorité devant les sentiments et la vie socials. Voyons comment Adler explique les névroses.

«Nous cherchons plutôt à montrer que l'évolution psychique de l'homme et les déviations qu'elle subit, c'est-à-dire les névroses et les psychoses, sont déterminées par l'attitude qu'il adopte à l'égard de la logique absolue de la vie sociale.» «Le nerveux vit et s'épuise pour un monde qui n'est pas le nôtre. L'opposition dans laquelle il se trouve avec la vérité absolue est plus grande que la nôtre.»

On comprend bien qu’ici la vie sociale est importante. Bifurquons un peu. Au début du siècle, des chercheurs ont évalué les conditions de travail modernes. Ils ont constaté que l’ouvrier déraciné, c’est-à-dire avec peu de relations avec sa famille élargie, et constamment au prise avec le monde des objets, devenait aliéné, avec des rapports réifiés. La seule façon de palier à cette situation était d’établir de bons rapports d’amitiés professionnels avec les collègues. Ainsi la vie sociale viendrait irradier la vie personnelle et familliale. Ainsi «l'attitude qu'il (l’homme) adopte à l'égard de la logique absolue de la vie sociale» lui est bénéfique.

On voit donc que tout comme pour Otto Rank chez Adler c’est une question de déviation de la volonté, de sa faiblesse. Mais aussi c’est un peu plus complexe.

La virilité

Il faut entendre la virilité dans une acception très large. Dans ce cas-ci, elle n’est pas uniquement masculine. Elle est reliée au courage, à la force de caractère et à la détermination. Toutes qualités qui manifestent la volonté. Donc, jeune, l’enfant, en particulier le garçon, imaginera ses forces supérieures à ce qu’elles sont vraiment, à l’image de son père ou de super-héros. Il y a en ce sens une poursuite de la virilité. Ce qui fait que l’enfant inférieur vit un véritable drame, se sent coupable, responsable de son problème et cherchera des explications justificatrices pour pouvoir compenser, d’où l’introspection qui peut devenir névrose. Ce qui fait que l’idée de libido dans la genèse des névroses et des psychoses est une explication un peu stupide. Dans le cas où la virilité ne se réalise pas, il apparaît des idées fictives qui sont toute une série de travers qui nous empêche d’avoir une emprise sur la réalité et pollue nos relations sociales. «Aucun médecin ne peut plus se dérober à des recherches qui considèrent l'homme non pas comme un individu en soi, mais comme un produit social.»

La compensation

Que peut-on rechercher dans la compensation? «Dans la superstructure psychique se développe un sentiment d'infériorité qui pousse l'individu à rechercher une supériorité, c'est-à-dire une protection, une sécurité compensatrices.» Dans la pyramide des besoins de Maslow, le besoin de sécurité est important.


La volonté

Freud, Adler et Rank ne sont que d’extraordinaires psychologues. Mais avant eux deux grands philosophes avaient tout résolu. Hegel a établi que la lutte pour la reconnaissance était la principale motivation de l’être humain. Ce qui veut dire atteindre la liberté malgré la nécessité et les contraintes. Chez Maslow le besoin de reconnaissance est le premier besoin de l’être humain. Vient ensuite l’autre philosophe, celui qui a traité du sur-homme et de la volonté de puissance. La volonté de puissance n’est pas une volonté de dominé ou d’être un prédateur puissant, mais une volonté de dominer nos forces qui sont un immense pouvoir de création bénéfique. Mais dans ce cas particulier, tout cela s’adresse qu’aux véritables créateurs.

La vie sociale

Chez le névrosé la vie sociale pose problème puisqu’il est trop tendu vers ses manifestations de conscience trop affinées. «Il est évident qu'une organisation psychique qui se trouve dans un pareil état de tension, qu'un sujet qui cherche avec tant d'intensité à exalter la valeur de sa personnalité, ne se laisseront pas facilement plier au cadre et aux exigences de la vie sociale, et cela indépendamment même de tels ou tels symptômes nerveux, en apparence banals et univoques. Le nerveux est tellement obsédé et dominé pas la conscience de son point faible que, sans même s'en douter, il utilise toutes ses forces pour édifier la superstructure idéale et imaginaire dont il attend aide et protection. Et à mesure qu'il se livre à ce travail, sa sensibilité s'aiguise et s'affine, il apprend à saisir des rapports qui échappent à d'autres, il exagère ses mesures de précaution, il prend l'habitude, avant même de commencer un acte ou de subir une infortune, d'en entrevoir toutes les conséquences possibles, il s'astreint à voir plus loin que les autres, à entendre ce qui échappe aux oreilles des autres, il devient mesquin, insatiable, économe à l'excès, cherche à reculer loin dans l'espace et dans le temps les limites de son influence et de sa puissance, et tout cela lui fait perdre l'objectivité, l'impassibilité et la tranquillité d'esprit que seules procurent la santé psychique et l'activité normale. Il devient de plus en plus méfiant envers lui-même et envers les autres, ses sentiments envieux, sa méchanceté, ses penchants agressifs et cruels prennent le dessus, car c'est en donnant libre cours à tous ces mauvais sentiments et penchants qu'il croit pouvoir s'assurer une certaine supériorité à l'égard de son entourage.»

Le névrotique vit dans un monde qu’il s’est forgé, étant ainsi a l’abri ou en retrait de la réalité. «Le caractère névrotique est, en effet, incapable de s'adapter à la réalité, puisqu'il travaille en vue d'un idéal irréalisable ; il est à la fois un produit et un moyen au service d'une âme remplie de méfiance, se tenant sur ses gardes et qui ne songe qu'à renforcer sa ligne d'orientation, afin de se débarrasser d'un sentiment d'infériorité qui l'obsède et la tourmente.» À travers tous ces égarements, le sujet névrotique-nerveux tente de retrouver le sentiment de sa valeur. «Et c'est ainsi que chacun des traits du caractère névrotique nous révèle par sa direction qu'il est pour ainsi dire imprégné de revendications viriles qui cherchent à l'utiliser, pour éliminer de la vie tout élément, toute cause d'humiliation durable.» «Les limitations que la réalité lui impose, les incompatibilités auxquelles il se heurte en voyant les choses s'entrechoquer durement dans la vie réelle, loin de le décider à renoncer à sa fiction préformée, le poussent au contraire à s'enfoncer dans le plus profond pessimisme.» «Voulant satisfaire à la fois aux exigences du monde réel et à celles du monde imaginaire, il aboutit à une situation ambivalente, c'est-à-dire à une impasse qui l'immobilise et paralyse ses mouvements.»

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