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6 avril 2011

Augustin Thierry

Longtemps les historiens écrivaient l’histoire en supposant qu’elle était le fait d’hommes exceptionnels, de grands hommes. Solon et Dracon et Périclès pour les Grecs, Moïse pour les Hébreux, Auguste pour les Romains, Louis XIV pour la France, etc. Cette conception était ancrée dans la perception historique.

Mais vint un jour Augustin Thierry qui révolutionna ses conceptions. Pour lui se sont les masses qui font l’histoire. Autrement dit une partie de la population. Il faut donc se poser la question suivante : sous quelle impulsion agit la masse?

«La masse agit donc dans son intérêt, l'intérêt est la source, le mobile de toute création sociale. Il est donc facile de comprendre que lorsqu'une ins-titution devient opposée à l'intérêt de la masse, la masse commence une lutte contre cette institution. Et comme une institution nuisible à la masse du peuple est souvent utile à la classe privilégiée, la lutte contre cette institution devient une lutte contre la classe privilégiée.»

Ce qui fait que la lutte des classes joue un grand rôle dans la philosophie de l’histoire de Thierry. Voici comment il explique les phénomènes sociaux en Angleterre :

«Cette lutte a rempli, par exemple, l'histoire de l'Angleterre de-puis la conquête normande jusqu'à la révolution qui renversa la dynastie des Stuarts. Dans la révolution anglaise du XVII° siècle luttaient deux classes d'hommes : les vainqueurs (la noblesse), les vaincus (la masse du peuple, bourgeoisie comprise). «Chaque personnage, dit notre historien, dont les aïeux s'é-taient trouvés enrôler dans la grande armée d'inva-sion, quittait son château pour aller dans le camp royal prendre le commandement que son titre lui assi-gnait. Les habitants des villes et des ports se ren-daient en foule au camp opposé. On pouvait dire que le cri de ralliement des deux armées était, d'un côté oisiveté et pouvoir, de l'autre travail et liberté ; car les désœuvrés, les gens qui ne voulaient d'autre occupation dans la vie que celle de jouir sans peine, de quelque caste qu'ils fussent, s'enrôlaient dans les troupes royales où ils allaient défendre des in-térêts conformes aux leurs, tandis que les familles de la caste des anciens vainqueurs, que l'industrie avait gagnés, s'unissaient au parti des Communes.»»

Cette lutte en était aussi une des idées. «Les opinions religieuses des Anglais du XVII° siècle étaient, suivant Thierry, fa-çonnées par leur position sociale.» «Ceux qui s'engageaient dans la cause des sujets, étaient, pour la plupart, presbytériens, c'est-à-dire que, même en religion, ils ne voulaient aucun joug. Ceux qui soutenaient la cause contraire étaient épiscopaux ou papistes, c'est-à-dire qu'ils aimaient à trouver, jusque dans les formes du culte, du pouvoir à exercer, des impôts à lever sur les hommes.»

Pour Augustin Thierry, les Gaulois ont été conquis par les Francs qui amenèrent leurs institutions politiques et sociales. «Nous croyons être une nation, et nous sommes deux nations sur la même terre, deux nations ennemies dans leurs souvenirs, inconciliables dans leurs projets : l’une a autrefois conquis l’autre; et ses desseins, ses vœux éternels sont le rajeunissement de cette vieille conquête énervée par le temps, par le courage des vaincus et par la raison humaine. La lutte de classes, née de cette rivalité de races, se perpétue jusqu’à la Révolution, second pivot de l’histoire nationale. Revanche des vaincus, elle renverse le pouvoir né de la conquête. Le Tiers-État, de sang gaulois, se libère enfin du joug du roi et de la noblesse, d’origine franque. Tout ce qu’avait produit, dans l’ordre politique, la succession des événements arrivés en Gaule depuis la chute de l’empire romain, cessa d’exister par la révolution française.»

Pour Thierry, «les populations, actrices de la révolution de l’Histoire, doivent devenir les figures centrales du récit historique.»

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