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23 février 2011

Les étrangetés économiques

L’histoire fait quelquefois bien les choses. Car il arrive que certains personnages infatués et prompts à se croire possédé la vérité soit déboutés par les événements. C’est le cas de deux économistes orthodoxes classiques autrichien, Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek, qui prônaient l’absence total et complète de l’intervention étatique dans l’économie.

Comme ils étaient probablement parfaitement cohérents, ils quittèrent leur pays d’origine, qu’ils jugèrent trop socialiste et trop interventionniste. L’interventionnisme étant assez souvent des mesures favorables aux ouvriers.

L’argumentaire qui est incessamment employé pour condamner la bête socialiste revient toujours au même, mais ne fournit jamais vraiment de preuve. Cette pseudo démonstration travail sur la peur, et sa tonalité s’apparente au délire extatique. Pour rendre réaliste la supposée menace, que font peser les gouvernements sur l’économie, il suffit de procéder par description théâtrale, en employant des termes forts et très évocateurs.

Ce qui donne à peu près toujours ceci : « L’allocation de ressources aux chômeurs, aux retraités et aux pauvres mène finalement à un régime socialiste dictatorial et à la dégradation subséquente de l’esprit humain. Le système capitaliste ne peut être sauvé par de telles réformes, qui n’aboutissent qu’à sa destruction. »

On se doute bien que ce type de scénario halluciné ne s’est jamais produit dans le pays d’origine de nos deux exaltés. Et que l’interventionnisme étatique à permis d’amoindrir la souffrance et la pauvreté d’une multitude de citoyens, sans amener de cataclysme et de dégradation subséquente de l’esprit humain.

« L’Autriche, au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, a incarné un modèle de réussite économique : les prix sont restés relativement stables, la monnaie forte, le chômage inexistant, le climat social calme. Ce succès a été attribué à un bon système social, à un équilibre entre les banques privées et nationalisées et les autres entreprises, et à la politique autrichienne du marché social, qui a préféré mettre en place, pour prévenir l’inflation, un système où les limitations des salaires et des prix sont négociées avec soin plutôt qu’une politique monétaire et fiscale draconienne qui laisse le chômage se développer. Aucune de ces mesures, hélas, n’aurait été prise si les grandes figures de la science économique autrichienne des années 1920 et 1930 avaient continué à exercer une influence prépondérante dans leur patrie ! »

Si la théorie économique était au départ le fruit de la curiosité, il n’en demeure pas moins que même à l’époque des physiocrates, soit au tout début, on perçoit une tentative et une entreprise de légitimation des privilèges acquis par une classe sociale particulière (les aristocrates et la rente de la terre). Le discours sert la science et propose une mise en forme de la compréhension de manière esthétique. Mais cette tentative d’explication sert et dessert les uns et les autres, selon que l’on soit bénéficiaire du placement de capitaux ou que l’on n’ait qu’à offrir son travail pour vivre.

«La survivance tenace de la théorie classique ne peut s’expliquer que parce que les conceptions classiques protègent l’autonomie des entreprises et leurs revenus et servent à dissimuler le pouvoir économique exercé tout naturellement par l’entreprise moderne en déclarant que c’est le marché qui a tout le pouvoir.»

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