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24 janvier 2011

La Bourse et la vie

Concernant la corruption, l’ appât du gain et l’absence de remparts éthiques aux malversations boursières, ce passage de La richesse des nations est très éclairant pour la compréhension des mécanismes internes aux grandes sociétés anonymes : « Dans la mesure où le capital n’appartient pas aux gestionnaires, mais à d’autres gens, on ne peut guère s’attendre à ce qu’ils le surveillent avec la même vigilance et la même anxiété que des associés dans une société en nom collectif surveillent d’habitude leur propre capital(…) Par conséquent, il est inévitable que la négligence et la prodigalité dominent toujours plus ou moins dans la gestion des affaires d’une telle compagnie. »

Frederich List et le libre-échange

La question du libre-échange et des tarifs douaniers fournit un exemple typique de double discours et d’hypocrisie. C’est selon le degré de développement économique et industriel que la nécessité d’imposer des tarifs protecteurs varie. La Grande-Bretagne fut la première à promouvoir le libre-échange parce que ses industries étaient devenues très compétitives. « La liberté de commerce était utile au premier arrivé (Angleterre) pour qui il s’agissait en fait d’un moyen commode de maintenir les autres concurrents plus jeunes aux stades antérieurs de développement. »

Les promoteurs du libre-échange sont ceux qui proposent des règles à partir desquelles ils sont relativement assurés de gagner. Ils instaurent ainsi une dynamique défavorable au pays en développement industriel. Pour les pays dont l’industrie est vieillissante, les barrières douanières redeviennent pertinentes.

« Selon List, les tarifs protecteurs représentaient un outil essentiel pour faciliter l’adaptation au changement. Leur rôle variait considérablement à chaque stade spécifique du développement. Ils n’étaient pas utiles pour un pays se trouvant au stade initial ou primitif et n’étaient pas nécessaires au stade final. Ils étaient essentiels à tout pays qui possédait les ressources naturelles et humaines requises et allait atteindre l’étape finale (…) »

L’émergence de l’économie

Certains facteurs expliquent que le discours sur l’économie ne pouvait pas exister avant une époque récente.

Pour l’antiquité, l’esclavage et les considérations négatives sur l’intérêt n’ont pas permis que puissent s’élaborer une théorie concernant la notion de prix, car sans une économie basée sur le travail rémunéré du salariat, et sans l’intérêt sur l’emprunt de capitaux productifs il est impossible de calculer et de définir les diverses composantes des prix.

Beaucoup plus tard, lorsque le développement technique permettra de créer une plus-value, une augmentation de la valeur des matières premières grâce au travail combiné des outils et des machines avec le travail manuel, « l’intérêt devint honorable (parce que) redéfinit comme le remboursement d’un capital productif ». Il s’ensuivit, par conséquent, qu’il devenait « absolument évident que celui qui empruntait de l’argent en gagnait en le faisant, et devait, en toute justice, partager une partie des bénéfices avec le prêteur originel. » Le cycle de régénération du capital productif était enfin, efficace, concluant, légitimé et admiré.

Mais pour que le discours sur l’économie soit possible, il manquait une dernière composante : le marché.

Au Moyen Age, « le marché jouait un rôle mineur dans l’activité économique, même si son importance s’était progressivement accrue au cours des siècles. Les hommes et les femmes qui vivaient massivement dans les campagnes cultivaient, fabriquaient ou abattaient ce qu’ils mangeaient ou portaient et en versaient une partie à une hiérarchie de seigneurs ou de maîtres qui, en échange, les autorisaient à vivre et travailler sur leurs terres et assuraient leur protection. (…) Et (une forte proportion) des produits et des services étaient dus, et non vendus. » D’où le fait que « le marché des prix, régit par la concurrence ou déterminé de façon impersonnelle, constituait l’exception plutôt que la norme(…). »

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