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Divagation
22 décembre 2010

Après l’empire

Suite à la Deuxième Guerre, l’Amérique commença son règne, qui s’explique par la supériorité de son armée et de ses armes, mais aussi, et surtout, par son ascendance sur les esprits, «par le prestige de ses valeurs, de ses institutions et de sa culture».  Mais ce n’est plus autant le cas aujourd’hui. Certes, elle demeure la première armée, mais elle ne réussit pas à s’imposer dans les opérations terrestres. Pour ce qui en est de ses institutions, elles semblent s’être transformées en une parodie de la démocratie. Et sa culture, son cinéma, surtout, trop violent, avec des thèmes souvent morbides, produit trop de films sans réel intérêt.

Mais ce qui nous intéresse ici, avec l’ouvrage d’Emmanuel Todd, c’est l’attitude souvent incompréhensible des États-Unis envers des pays peu menaçants et pacifiques. «La Russie, la Chine et l’Iran, trois nations dont la priorité absolue est le développement économique, n’ont plus qu’une préoccupation stratégique : résister aux provocations de l’Amérique, ne rien faire; mieux en un renversement qui aurait paru inconcevable il y a dix ans, militer pour la stabilité et l’ordre du monde.» Parmi ces trois pays, la priorité semble être l’Iran, étant donné ses assez faibles capacités à se défendre devant des armes technologiques. Pour la Russie, qui va redevenir une grande puissance, et la Chine, qui augmente son arsenal de manière non négligente, le problème est beaucoup plus complexe et délicat. Pour l’instant, l’objectif paraît être d’instrumentaliser les foyers de tension au Proche-Orient. «Tout se passe comme si les États-Unis recherchaient, pour une raison obscure, le maintient d’un certain niveau de tension internationale, une situation de guerre limitée mais endémique.» À long terme, par contre, le véritable défit américain sera, selon un géopoliticien, de retarder que le centre du monde passe en Eurasie unifié. Donc l’Europe, la Russie et ses anciennes républiques, ainsi que la Chine. Pour nous aider à comprendre les enjeux du 21ième  siècle, il nous faudrait consulter Paul Kennedy et Robert Gilpin pour la dimension économique, Samuel Huntington pour la dimension culturelle et religieuse et Zbigniew Brzezinski ou Henry Kissinger pour ce qui a trait à la diplomatie et au côté militaire.

Il nous faut en quelque sorte tenter de découvrir pourquoi l’Amérique est devenue si malveillante, hypocrite et unilatérale. On pourrait penser que c’est parce qu’elle est une incarnation du mal et qu’elle doit contrôler les ressources qui vont finir par devenir rares. Ressources dont elle a besoin pour assouvir son énorme appétit de consommation. C’est en partie vrai, mais je crois qu’il faut plutôt insister sur la dimention psychologique de l’attitude américaine. «Une trajectoire (américaine) stratégique erratique et agressive, bref la démarche d’ivrogne de la superpuissance solitaire, ne peut être expliquée de façon satisfaisante que par la mise à nu de contradictions non résolues ou insolubles, et des sentiments d’insuffisance et de peur qui en découlent.»


La fin de l’histoire

Francis Fukuyama reprend dans La fin de l’histoire et le dernier homme la thèse de Hegel selon laquelle la Raison se serait incarnée dans les institutions et dans le mode de fonctionnement des individus pour faire en sorte que le développement de l’histoire serait achevé et définitif. «L’histoire aurait un sens et son point d’aboutissement serait l’universalisation de la démocratie libérale.» Et chose assez surprenante, les démocraties ne se font pas la guerre entre elles. «(…) on doit admettre que ce sont l’Autriche-Hongrie et l’Allemagne, où le gouvernement n’était, en pratique, pas responsable devant le Parlement, qui ont entraîné l’Europe dans la Première Guerre mondiale.» Mais de quelle façon les démocraties libérales pluralistes adviennent-elles? En premier lieu, il y a le respect des droits de l’homme et la stabilisation démographique. Vient ensuite la démocratisation de l’enseignement laïc, qui relève le niveau d’instruction et donne la possibilité aux citoyens de lire les journaux diversifiés, les différents points de vu. Ce qui permet de s’affranchir des médiats radiophoniques et télévisuels qui sont très souvent, au début, affaire d’État. Autrement dit, la population va pouvoir surveiller le travail des politiques. Et vient finalement l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce qui permet à ces dernières de pouvoir travailler et d’ainsi stimuler la consommation.

«Mais si la démocratie triomphe partout, nous aboutissons à ce paradoxe terminal que les États-Unis deviennent, en tant que puissance militaire, inutile au monde et vont devoir se résigner à n’être qu’une démocratie parmi d’autres.» Mentionnons aussi le fait qu’avant, pendant et après la Deuxième Guerre, l’Amérique est devenue progressivement le centre du monde et la locomotive de l’économie mondiale. Ce qui attend les États-Unis, c’est qu’inéxorablement ils passeront au second rang, bientôt, et que sensiblement ils ne seront plus essentielles et si utiles. Nous comprenons ainsi que ce qui explique l’attitude américaine, globalement, c’est la peur de devenir inutile.

«Cette inutilité de l’Amérique est l’une des deux angoisses fondamentales de Washington, et l’une des clefs qui permettent de comprendre la politique étrangère  des États- unis. La formalisation de cette peur nouvelle par les chefs de la diplomatie a pris le plus souvent, comme il est fréquent, la forme d’une affirmation inverse:» cette Amérique clame, aujourd’hui, à qui veut bien l’entendre, son indispensabilité. «Cette peur de devenir inutile, et de l’isolement qui pourrait en résulter, est pour les États-Unis plus qu’un phénomène nouveau : une véritable inversion de leur posture historique, La séparation d’avec l’Ancien Monde corrompu fut l’un des mythes fondateurs de l’Amérique, peut-être le principal. Terre de liberté, d’abondance et de perfectionnement moral, ils choisirent de se développer indépendamment de l’Europe, sans se mêler aux conflits dégradants des nations cyniques du Vieux Continent.» Arrive la fin du 19ième siècle, leur économie étant autosuffisante -la balance commerciale étant positive-, le pays de l’Oncle Sam n’a plus besoin du monde. Elle pourra alors faire des choix dans son unique intérêt. Commence alors le machiavélisme. Comme l’Europe demeure son principal concurrent et que la Russie débute sa sortie d’une économie quasi-féodal, il est providentiel que l’Allemagne se mette à déchirer l’Europe. Mieux, à cette époque, on comprenait bien qu’un conflit assez long et généralisé, détournant de la production civile, entrainerait un retard de cette industrie sur le plan international. Ce qui rendrait l’Amérique plus compétitive. Pire encore, la Deuxième Guerre, au potentiel cataclysmique, détruirait les économies du Vieux Continent pour plusieurs décennies. Je demeure persuader que la diplomatie américaine à donner son consentement à Hitler pour ses projets hégémoniques, du moins l’assurance qu’ils n’interviendraient pas. Mais comme l’Allemagne et le Japon manquaient de sources énergétiques, la première voulue se rendre jusqu’aux puits de pétrole russe (que les Russes on fait explosés avant leur arrivée), et le second, voulant sécuriser ses approvisionnements tenta d’éloigner la flotte américaine, tous deux commirent une grave erreur. On découvre, par ailleurs, aujourd’hui, qu’il y a eu des investissements banquaires qui ont été fait de la part des États-Unis sur le territoire allemand. Comme la vente d’appareils IBM. Ces machines à poinçonner des fiches, qui ont servi à recenser les diverses catégories de personnes indésirables pour le régime sanguinaire allemand. Dans tout ceci, il appert que Hitler et Hussein furent les personnes dirigeantes les plus bernées par la stratégie américaine. Mais ceci est une autre époque.

Ce qui ressort, en définitive, c’est que si les États-Unis ont peur d’être devenu inutile, maintenant ils ont des besoins. «L’Amérique s’aperçoit qu’elle ne peut plus se passer du monde.»

Mais est-ce que le monde à maintenant besoin de l’Amérique?

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