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18 décembre 2010

L’estime de soi (suite)

Une question qui se pose concernant l’estime de soi est de savoir si une forte estime de soi est une bonne estime. De prime abord, on pourrait penser que oui, il est préférable d’avoir une forte estime de soi. Mais c’est un peu plus compliqué. Car il y a des bienfaits à avoir une basse estime de soi. Bien sûr il faut qu’elle soit modérément basse, parce qu’une très basse estime de soi est la preuve que nous sommes malades. Comme dans le cas de la dépression aiguë. Avant de parler de ces bienfaits, mentionnons un fait important.

Dans bon nombre de religion et de philosophie comme le bouddhisme ou le stoïcisme, l’orgueil est ce qu’il faut combattre. Prenons l’exemple du christianisme et des péchés capitaux qui sont l’orgueil, l’envie, la colère, l’acédie, l’avarice, la gourmandise et la luxure. Dans tous ces cas, ce qui est problématique  c’est la présence d’une forte  estime de soi. Par ailleurs, un homme célèbre de par ses maximes a réfléchi à l’estime de soi, et il fut un précurseur de cette psychologie : La Rochefoucauld. Il faut dire qu’il avait sous les yeux de brillants exemples de la vanité et de l’orgueil, ce qu’il appelait l’amour propre. Soit les nobles qui gravitait à la cour de Louis XIV. Il écrit ceci : «La  vertu n’irait pas si loin, si la vanité ne lui tenait pas compagnie.» «Nous ne ressentons nos biens et nos  maux qu’en proportion de notre amour-propre.» «On aurait guère de plaisir, si on ne se flattait jamais.» «Si la vanité ne renverse pas entièrement toutes les vertus, du moins elle les ébranle toutes.» Ce que La Rochefoucauld dénonce ce sont nos désirs inconscients «et notre tendance à nous les» cacher.

Il existe bien des activités et des domaines où l’on constate qu’une forte estime de soi est néfaste. La guerre en est une évidente. Combien de conflits se sont terminés suite à des mauvaises décisions stratégiques qui ont été poursuivies par obstination, et où il aurait été plus judicieux de suivre les conseils plus modestes et plus rationnels venant d’individus plus portés à l’autocritique. Il y a aussi le cas des grandes entreprises qui ont failli disparaître parce qu’elles avaient une trop grande confiance en leurs méthodes de mise en marché. En leur publicité prétentieuse et en la négligence de la nouvelle présence des concurrents plus petits, mais plus adaptés à tenir compte des consommateurs. Pensons aussi, ce qui est très actuel, aux traders, aux banquiers, aux conseillers financiers et même aux politiciens, qui ont laissé faire, à cette crise économique financière qui est avant tout une crise de vanité et de prétention. Il faut dire que les soi-disant grandes écoles qui forment cette élite leur inculquent tout sauf la modestie. On leur dit qu’ils doivent être des gagnants, et les perdants ce sont les «tâcherons » ouvriers.

Donc, «d’une manière générale, une estime de soi élevée peut rendre hermétique à des informations importantes : nous savons que les personnes à haute estime de soi supportent mieux les échecs, en partie parce qu’elles ont tendance à les externaliser, c’est-à-dire à en attribuer les raisons à des causes étrangères à elles-mêmes. Mais en procédant systématiquement ainsi, elles évitent des remises en question parfois salutaires. On sait que les hommes de pouvoir aiment s’entourer de courtisans et de flatteurs, ce qui les conduit parfois à perdre le contact avec la réalité.»

Passons aux bienfaits d’une basse estime de soi. L’objectif premier de ces sujets est de se faire accepter par autrui. Il faut dire que ce sont souvent des accommodateurs. En ce sens,  ils font beaucoup de concessions pour ne pas nuire ou rentrer en conflit avec les intérêts des autres. Ils sont aussi plus à l’écoute, et souvent plus apprécié. Comme ils ne se croient pas investis de capacité hors du commun, ils tiennent «compte des conseils et des points de vue différents» des leurs. La modestie (qui observe la mesure, modérée, tempérée)  est donc «la cousine laïque de l’humilité».

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