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4 décembre 2010

La violence moderne

La modernité, comme les périodes qui l’ont précédée, c’est penser en formulant un grand récit sur elle-même. Ce récit  s’articule à partir des valeurs et idéaux suivants : la liberté, la responsabilité, l’égalité, la raison et ses progrès vers plus de justice et plus de confort matériel, sans oublier le développement de la science. Mais tout n’est pas si simple, puisqu’il existe tout de même des contradictions qui font naître des conflits d’où ressort la violence de ceux qui ne peuvent partager complètement ces objectifs idéaux.

Dans cette société, parce que nous partageons tous les mêmes projets, la violence est d’abord politique : violence contre les hommes politiques sous forme d’assassinats, violence contre les forces de l’ordre, contre les représentants de la justice ou contre l’État, plus abstraitement. La violence y a pratiquement toujours un sens. Le terrorisme est là pour en témoigner. Il vise toujours des politiques gouvernementales qui s’appliquent à certains groupes sociaux ou ethniques, pour ne pas dire religieux.

Ceux qui commettent des actes de violence appartiennent au même monde que ceux qui en sont la cible. Nous partageons quand même les mêmes idéaux. «Il y a dans la violence un espoir et, paradoxalement, les signes d'une appartenance au monde.» Il y a l’espoir de renverser le pouvoir pour instaurer un état plus juste et plus équitable. En ce sens, la violence est porteuse de sens, puisqu’elle veut changer les choses pour le mieux.

Mais il existe une forme de violence postmoderne qui nie les anciens idéaux de la période antérieure. Le vingtième siècle a été si meurtrier que nous en sommes venus à rejeter les idéaux et aspirations de la modernité. Les trois dictatures modernes nous font comprendre que les hommes ont accepté, passivement la plupart du temps, de voir réduire leurs libertés.  On le constate aussi aujourd’hui. Ce n’est pas tant la liberté qui est au centre des préoccupations des individus, mais plutôt la sécurité. Que si l’homme a des aspirations, la liberté n’est pas si essentielle que cela; c’est davantage la sécurité d’emploi, la sécurité financière et celle au sein de nos foyers qui nous importent. La liberté n’est plus un des grands idéaux.

Dans la tête des protagonistes des dernières tueries dans des écoles ou des lieux publics, ce n’est pas le pouvoir qui est visé, encore moins selon la logique d’un renversement d’un état de fait injuste. Non, ceux qui perdent la tête et tuent n’importe qui, agissent ainsi, car ils sentent que le monde leur est étranger et qu’ils y sont aussi, eux, étranger.

Qu’est-il arrivé au juste? Ce pourrait-il que la société ne fasse plus sens et n’en propose plus, sinon un relativiste des valeurs et un individualisme stérile.

«Pouvons-nous alors qualifier de postmoderne une violence sans autre objet que la société elle-même en tant qu'elle est là devant l'individu dans son absolu non-sens, fermée à toute possibilité de changement ? Cette expérience est celle du monde comme altérité radicale. La violence qu'elle engendre se déploie dans une société dépolitisée, sans passé ni avenir, privée d'utopies et sans projet pour elle-même. Elle s'exprime simplement comme refus du monde. »

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