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23 novembre 2010

Les mensonges de l’économie

John Kenneth Galbraith, célèbre économiste américain, est l’auteur de Le capitalisme américain (1958), L’ère de l’opulence (1961) et Le nouvel État industriel (1967). Une de ses principales tâches fut de décrire l’avenir des sociétés industrielles. Il est bien loin d’attribuer au seul régime soviétique le rôle de planificateur dans l’organisation économique. Pour lui il y a autant de planification en régime capitalisme moderne. En cela il rejoint la position de Raymond Aron. Qui dit planification dit aussi, par le fait même, contrôle des prix. C’est que comme les grandes firmes investisse d’énormes capitaux pour standardiser et produire à grande échelle des biens de consommation, il ne serait pas logique de permettre la fixation des prix par le mécanisme de l’offre et de la demande. Ce serait trop risqué du point de vue de la rentabilité de l’entreprise. Il se peut qu’après quelques années les prix en vienne à se fixer librement, mais il ne serait en être question au début de la première période de production. Il faut avant tout qu’il y ait eu un fort retour sur investissement pour que l’entreprise redémarre une série de nouveaux investissements pour lancer un nouveau produit. À partir de ce moment, les anciens produits peuvent diminuer au niveau de leurs prix. Il est donc évident que l’État, le gouvernement, joue un rôle actif dans l’achat de matériaux à la fine pointe de la technologie : électronique stratégique et armement, etc.

Quittons cette question importante pour entrer dans le dernier essai de Galbraith, Les mensonges de l’économie. Voyons comment il décrit le mensonge. «Cet essai se propose de montrer comment, en fonction des pressions financière et politiques ou des modes du moment, les systèmes économiques et politiques cultivent leur propre version de la vérité. Une version qui n’entretient aucune relation nécessaire avec le réel.» Si le titre de l’ouvrage est prometteur, s’il suscite chez le lecteur de grandes attentes, il faut dire toutefois que le résultat déçoit un peu. Ce n’est pas dans la tradition américaine des chercheurs et des penseurs d’être porté par la spéculation. Au contraire, les auteurs américains sont presque toujours terre à terre, pratique. Il y a peu de grandes envolés dans leur description du fonctionnement de la société. Mais procédons tout de même.

Les mensonges

Galbraith débute sont analyse en se questionnant sur les raisons du mensonge. Qu’est-ce qui explique que des agents particuliers (journalistes, vulgarisateurs, professeurs et économistes) colportent à ce point une version, une vision de la chose économique qui est si biaisée, déformée ? Est-ce innocemment et naïvement qu’ils perpétuent des postulats erronés qui ne correspondent pas avec la réalité des faits concrets et de l’expérience ? Il n’apporte pas vraiment de réponses à ces questions, sinon pour mentionner ce qu’il dit plus haut. Soit que les pressions financières et politiques amènent une certaine versions de la compréhension des phénomènes économiques qui servent à maintenir la domination d’une classe d’individus qui possèdent les moyens de production et le grand capital.

Le mensonge par excellence est le tout premier mensonge. Il concerne le capitalisme lui-même. Le terme capitalisme à eut au vingtième siècle une mauvaise réputation du fait des monopoles qui fixent les prix, de l’alternance de surproduction est de chômage de masse, de spéculation immobilière et boursière et de surinflation. On trouva donc un nouveau terme : économie de marché. Mais le terme est un leurre, car qu’est-ce qu’un marché ? Ce serait un lieu de médiation entre l’offre et la demande dans lequel le principale bénéficiaire serait le consommateur. On dit ainsi que la fixation du prix du travail provient de la demande solvable du consommateur. Une bel entourloupette qui propose que la rémunération ne provient pas du patron, mais de l’acheteur de biens de consommation. On escamote ainsi la découverte de Marx, de la plus-valus que confisque le détenteur de capitaux en ne rémunérant pas l’ouvrier selon la valeur de sa production. Que ce soit l’économie de marché ou le régime de la libre entreprise, on se doit de cacher et de soustraire à la réflexion le véritable fonctionnement de l’économie, pour maintenir en place l’assentiment des travailleurs envers le système. Pour Galbraith il serait plus judicieux de dire que «la vie économique moderne est dominée par la société anonyme, et par le transfert du pouvoir, au sein de cette entité, de ses propriétaires les actionnaires, aujourd’hui plus élégamment nommés investisseurs, à ses cadres de direction. Telle est la dynamique de la vie d’entreprise. Les directeurs doivent l’emporter.» Dans le nouvel État industriel il parlera de la technostructure comme étant le véritable centre de pouvoir de gestion, de planification et de décision.

On ne peut donc pas dire qu’en économie de marché c’est le client qui prime, qui est roi et absolument libre, car «aucun industriel important n’introduit un nouveau produit sans en stimuler la demande. Aucun ne se prive d’influencer et de soutenir la demande d’un produit existant. Intervient ici le monde de la publicité et des techniques commerciales, de la télévision, de la manipulation du consommateur. Et la souveraineté du client en pâtit.»

«On croit aujourd’hui qu’une entreprise, un capitaliste n’a, à titre individuel, aucun pouvoir; en réalité, le marché est habilement géré dans tous ses aspects. Mais on ne le dit pas, même dans la plupart des cours d’économie. Voilà le mensonge.»

Le deuxième mensonge concerne le travail. Il faudrait utiliser 3 termes différents pour bien décrire la situation. Le premier terme pourrait être le labeur, pour caractériser les conditions difficiles que vivent certains ouvriers. Bien loin de se réaliser intellectuellement certaines tâches sont complètement abrutissantes, voir inhumaines. Pour d’autre le terme travail s’applique bien puisqu’il est neutre. C’est-à-dire que l’exécution n’est pas trop pénible et le salaire quand même satisfaisant. Le troisième terme pourrait être la réalisation. Au sens ou le travail apporte de la satisfaction, un certain développement intellectuel. Ce sont souvent ces tâches qui sont le mieux rémunérés. Je pense, par exemple, au cas d’un avocat célèbre qui possède la notoriété et qui fonde le revenus de son années sur 2 ou 3 grandes causes très rémunératrices et qui représente un défit intéressant, même si dans certain cas les cause qu’il défend ne sont pas tous respectables. Comme il y a plusieurs type de travailleur, il y a deux droits distincts : celui des pauvres et celui des riches. Le travail est jugé essentiel pour les pauvres. S’en affranchir est louable pour les riches.» «Le loisir est une option acceptable pour les riches, mais reste un risque moral pour les pauvres.» «Donc, si l’oisiveté est bonne pour une certaine classe aux États-Unis et dans les pays avancés, elle est en général condamnée pour les plus défavorisés.»

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