L’estime de soi
L’estime de soi est une des composantes fondamentales de la personnalité. Malheureusement, comme elle commence à se structurer très tôt durant l’enfance, un échec partiel dans son développement vient souvent empêcher que se forme une image de soi stable et solide. Les événements et les aléas de l’existence seront plus lourds de conséquence pour une personne qui ne possèdent pas de bons appuis et une bonne estime de soi.
Nous vivons une période unique au sein de laquelle les pressions sociales sont devenues extrêmement contraignantes. Nous nous devons d’être efficaces, performants, rentabilisables et soumis aux dictats de l’économie. Nos réalisations et nos tâches sont jugées en fonction d’un seul critère : la réussite. Tout ce qui ne fonctionne pas ou n’est pas jugé convenable risque d’apparaître comme des échecs. La confiance en soi et notre autoévaluation se voit contraint par des pressions externes devenues trop exigeantes. C’est ce qui expliquerait tout cette littérature qui nous enjoint de prendre soin de notre estime de soi.
L’estime de soi est une des composantes fondamentales de l’identité. La manière dont on se perçoit affecte grandement l’image que l’on à de soi-même et nos rapports avec autrui. À la base de la perception de soi-même, il y a l’estime de soi qui détermine de manière certaine, suite aux échecs ou aux réussites ce que nous valons vraiment. Une piètre estime de soi, suite à une réussite entraîne une incrédulité et une surprise devant une situation peu commune. Il se produit l’impression de ne pas mériter ce qui nous arrive. Ou de mal gérer cette situation en amplifiant l’événement et en surcompensant notre mérite pour se convaincre que nous sommes une personne valable. Chose certaine il y a déformation dans l’appréciation. Dans le cas contraire, les personnes qui auraient une haute estime d’eux-mêmes, ne sachant ce qu’ils valent vraiment, sont en fait des gens qui n’ont jamais relativisé leur réussite, et jamais confronté réellement leurs œuvres à celle des autres, qui peuvent être comparables, sinon supérieurs. Il faut noter que la déformation narcissique empêche ces individus de parvenir à ne pas toujours ramener tout à eux-mêmes.
Les distinctions
On peut englober l’estime de soi, l’image de soi et la confiance en soi sous l’appellation du concept de soi. Les deux premières instances apparaissent assez tôt durant l’enfance, et sont plus statiques que la confiance en soi, qui, elle, est évolutive et en constante modulation. On peut perdre la confiance en soi suite à une série d’échecs ou après une rupture marquée par une relation de domination, dans laquelle l’autre utilisait le dénigrement constamment, mais cela n’empêche pas que ce ne soit que momentané, grâce au fait que nous avons construit une forte estime de soi durant notre enfance.
Il faut souvent revenir à l’affectivité pour comprendre certains mécanismes, leur formation et leur fonctionnement, étant donné que la raison n’est pas dominante durant l’enfance, il appert que, suite à l’affection, à la considération, au respect et, finalement, à l’amour d’une personne nous étant proche, nous sommes à même de saisir très tôt que nous sommes aimable, que nous comptons pour autrui, et que nous avons de la valeur. Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’être aimé le risque est grand d’avoir peu d’estime de soi ou au contraire un estime qui vacille, qui passe par les extrêmes.
Chez les jeunes filles
L’estime de soi, pour les jeunes filles, ne procède pas tout à fait des mêmes paramètres que celles des garçons. Dans la formation de la personnalité féminine, l’image de soi est plus importante et plus décisive, et le regard d’autrui, ainsi que l’apparence physique compte pour beaucoup. Cela devient problématique avec les nouveaux stéréotypes féminins qui valorisent l’hypersexualisation. On assiste à une forme de perte de soi de l’identité au profit de l’image d’une jeune femme entreprenantes et dont la sensualité et la sexualité c’est exacerbé. Cette image devient néfaste parce qu’elle est un prototype, un standard et qu’elle nie en quelque sorte l’originalité, la différence et les particularité des sujets féminins. Le modèle de la jeune fille, un peu trop bien dans sa peau, propose des attitudes et des modes de vie proche de l’industrie du fantasme, donc s’apparentant au regard posé sur un objet de convoitise.
Ainsi les adolescentes seront plus exposées au phénomène de l’atteinte de l’estime de soi, puisque leur image, leur perception provient du regard extérieur. N’étant plus autonome dans leur autoévaluation, et n’étant plus elle-même, elles peuvent être plus vulnérables dans une relation amoureuse.
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«Comme mentionnée précédemment, l’image de soi est plus importante chez les jeunes filles que pour les garçons. Et une image de soi expressément gouvernée par les standards et les modèles sociaux de l’industrie du rock, du cinéma ou de la publicité, interfère dans la personnalité féminine pour entamer la liberté, l’autonomie et l’originalité.
Le mimétisme sexuel par l’adoption de tenus légères et suggestives risque de nuire à une image de soi saine. "Sans parler des risques de provoquer un intérêt sexuel non voulu.
L’accent presque exclusif sur l’apparence physique et sur la séduction, encouragé par la représentation souvent (érotique) des femmes dans la publicité et dans la culture populaire, est associé à certains comportements malsains.
La pression de se conformer à une certaine forme du corps entraîne une faible estime de soi et des troubles alimentaires destructeurs comme l’anorexie et la boulimie.
Les pressions qui poussent les pré-adolescentes et les adolescentes à être " performantes " amènent aussi certaines à s’imaginer que, pour devenir populaires, elles sont obligées d’avoir des relations sexuelles orales – au cours desquelles elles donnent plus souvent qu’elles reçoivent.
La plupart des filles font peut-être semblant de ne pas être futées, mais nous savons qu’elles réussissent à l’école aussi bien sinon mieux que les garçons, même en mathématiques et en sciences. Par contre, la promotion des stéréotypes est alarmante, de même que les messages sur la domination masculine dans les relations hommes-femmes.
Comme l’a déclaré la féministe canadienne Judy Rebick, si les jeunes femmes s’imaginent devoir être des esclaves sexuelles pour être populaires, c’est de l’oppression.
Les filles ont besoin d’être soutenues pour résister aux messages négatifs omniprésents sur les rôles féminins et sur leur propre importance. Des études montrent qu’un grand nombre de filles perdent confiance en elles à l’adolescence, un phénomène beaucoup plus marqué chez les filles que chez les garçons.
Carol Gilligan, professeure à l’Université Harvard et parmi les premiers chercheurs à étudier le développement des filles, décrit ce changement comme la perte de leurs moyens d’expression.
Un grand nombre de filles commencent à agir suivant les stéréotypes féminins de leur culture environnante parce qu’elles croient devoir le faire pour être acceptées par la société. Ainsi, les adolescentes ont moins tendance à dire ce qu’elles pensent et à prendre des risques parce que ces caractéristiques ne sont pas valorisées chez les filles dans leur milieu social.
Selon une étude récente de Statistique Canada, les filles qui ne sont pas fières d’elles-mêmes ou qui ne se considèrent pas compétentes à 12 ou 13 ans risquent beaucoup plus d’avoir des relations sexuelles à 14 ou 15 ans que celles qui ont une solide estime de soi. Au Canada atlantique, une fille sur cinq et un garçon sur dix déclarent avoir eu des relations sexuelles à l’âge de 14 ou 15 ans. L’activité sexuelle commence environ deux ans plus tôt que pour la génération précédente, bien qu’il soit également vrai que la puberté commence aussi plus tôt.
L’" hypersexualisation " des jeunes est devenue un sujet de discussion publique intense au Québec. Au cours de la dernière année, le débat s’est déchaîné dans les médias de masse et dans les publications savantes. Certains observateurs montrent du doigt le féminisme, affirmant que les femmes ont exigé la liberté sexuelle et provoqué indirectement l’extrême sexualisation des filles. Le mouvement féministe a bel et bien aidé les femmes à prendre en charge leur sexualité, mais il n’a jamais encouragé la sexualisation des jeunes.
L’un des slogans du mouvement, Notre corps nous appartient, prônait de toute évidence que le corps des femmes ne doit pas être considéré comme un objet. Le mouvement féministe s’est battu pour éviter la banalisation de la pornographie et il a perdu. Il serait ironique de le blâmer maintenant pour cela. Cependant, ce que le mouvement féministe doit faire aujourd'hui, c’est donner la parole aux filles et s’opposer à la commercialisation du corps des filles… et de leur âme. C’est une forme d’apprentissage : nous amener à réfléchir au message que nous transmettons par le choix de nos vêtements et à décoder les raisons pour lesquelles nous sentons le besoin de transmettre de tels messages.
De toute évidence, le combat des femmes pour éviter que leur corps devienne un objet sexuel se poursuit. Tout comme pour la violence à l’égard des femmes, il faut que les hommes, les pères, les conjoints fassent partie de la solution.
Nous devons également éduquer les jeunes, garçons et filles, sur les stéréotypes sexistes, sur l’égalité et sur le respect.
La "déclaration des droits des filles" comprend le droit d’être elles-mêmes et de résister à la pression d’avoir des comportements fondés sur des stéréotypes sexuels. Les filles ont aussi le droit d’accepter et d’apprécier le corps dans lequel elles sont nées sans se sentir obligées de risquer leur santé pour respecter les impératifs d’une image physique " idéale ".»